Il s’agit là d’un pur exercice de style, d’un simple pari à tenir. Faire que chacun puisse lire le texte de haut en bas mais aussi de bas en haut, avec le renversement de signification qu’une telle lecture provoque. Histoire de s’interroger sur la manière dont on peut totalement inverser le sens d’un texte, mettant ainsi à nu les possibles tortueuses arrière-pensées d’une réflexion.
Philippe Parrot
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Poème 6 : Un ara entre ses mains
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« Outre la peinture, veiller aussi à faire le Bien en tant qu’artiste ! »
Seul un sot croirait au thème de mon tableau qu’est là ma pensée :
Te refuser la liberté de t’envoler, ô fier ara sur ton perchoir ! Triste,
À regarder tes plumes colorées un unique objectif me hante, sensé :
Te voir monter dans le ciel, voilà qui me réconcilierait avec mon art !
Il serait donc regrettable de colporter une rumeur venue des ruelles :
Être détenu dans cet atelier, tel est ton destin, sans espoir de départ !
Pour ma part, j’irai au terme de cette œuvre, mon talent esclave d’elle.
Couper ta chaîne et ouvrir les fenêtres, quelles lourdes responsabilités !
Même si les autres ne me croient pas quand ils m’entendent murmurer :
Mon bel ara, sache-le, je ne me résoudrai jamais à pareilles imbécillités,
Qu’à cause de mes lenteurs savamment orchestrées, tu meurs emmuré !
Quand je peins trait pour trait ton plumage, je souhaite par pure gloriole
Que s’arrête ces jours prochains ce qu’ils appellent ton emprisonnement.
Le vrai moteur de mon action n’est pas — et, sûr, je tiendrai ma parole —
Que tu déclines à vue d’œil au fil des mois, incontournable cheminement.
Oui ! Et quitte à m’éreinter, je me battrai pour atteindre mon but, au point
Que, de peur de m’épuiser, tu renonces à siffler, chanter, crier chaque nuit.
Pour que nos vies soient douces, je formulerai des vœux, là dans mon coin :
Que mes promesses t’apaisent et que rien ne brise l’équilibre d’aujourd’hui.
Je m’assurerai chaque jour que ta nourriture est riche, abondante, et variée,
Heureux de voir ton avenir assuré. Tel est du moins ce que je dis. Chanceux,
Tous savent que tu dois être prêt dès maintenant, tes larges ailes déployées,
À jouir de tes petits bonheurs volés, mon fol oiseau, voilà comme je te veux !
Poème à lire de haut en bas, puis de bas en haut.
Écrit par Philippe Parrot,
Le 19 février 2012
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