À partir d’une œuvre de Tamara de Lempicka (1898/1980), respectueuse des formes dans le cadre d’un exercice de style, Sandra Savajano a décidé d’exprimer, à travers le dessin ci-dessous, sa propre sensibilité dans le jeu de nuances de lumière, d’un rouge-oranger de son choix. Pari gagné ! Ces dégradés denses et chauds m’ont inspiré le poème coloré qui suit.
Philippe Parrot
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Dessin de Sandra Savajano
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Poème 10 : Ô Femme Rouge-Oranger !
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Toute monochrome qu’elle soit, flamboyante de nuances
Enchanteresses des yeux et, çà et là, d’ombres éclatantes
Au contour suggestif, ensorceleuses des cœurs ; allongée
Toute nue dans une belle pose soulignée par des courbes
Si pleines et généreuses, on dirait à la voir un arc-en-ciel
Brutalement éclairer les abysses de mon âme, par chance
Folle à lier, en quête d’émotions colorées et changeantes !
Joue de tes teintes accrocheuses, Femme Rouge-Oranger,
Aux effets bigarrés ! Elles attisent mes chers rêves fourbes
De t’attacher à moi, liée à mes désirs de mâle providentiel.
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NOIR ! Comme d’épaisses ténèbres, mystérieuses et peu sûres,
Bonnes à cacher chaque nuit, sous de lourdes tentures aux
Plis somptueux, des cris mal étouffés d’émoi ou de douleur
Et des chairs brûlantes de corps dépravés, ivres de luxures.
Tu m’appartiendrais dans cet enfer-là et à te voir sur le dos,
Vautrée sur le divan, molle et moite, je te prendrai, crâneur.
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GRIS ! Comme l’horizon bouché en un triste jour d’automne,
Dans la grisaille des heures écourtées sous tes pas quand tôt
Tu cours dans la lande parmi le genêt, seule et tout en sueur.
Marche vite dans la bruyère humide, sous l’orage qui tonne.
Et, dès ton retour à ta chambre, trempée, à te voir sur le dos,
Vautrée sur le divan, molle et moite, je te prendrai, crâneur.
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BLANC ! Comme ces neiges inviolables déposées sur les bords,
Sous le vent, de la voie de crête au-dessous de cumulus hauts.
Tu progresses à ton rythme, encordée à ma taille et sans peur.
Tes yeux s’arrêtent sur des pics dentelés, éblouis par le décor.
Quand tu rêveras au refuge, auprès du feu, à te voir sur le dos,
Vautrée sur le divan, molle et moite, je te prendrai, crâneur…
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JAUNE ! Comme les sables du désert, aux dunes ondoyantes.
En butte au sirocco, des hommes approchent du point d’eau,
Écrasés de soleil. Fiers Touaregs, voilà de torrides chaleurs !
Élancez vos coursiers ivres de lumière solaire incandescente.
Elle féconde l’esprit. Le soir, sous la tente, à te voir sur le dos,
Vautrée sur le divan, molle et moite, je te prendrai, crâneur…
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ROUGE ! Comme le fluide échappé d’entre tes cuisses rondes.
Il s’écoule sourdement, épais et odorant, glissant sur ta peau
En un pourpre filet serpentant sur tes jambes. Zélé serviteur,
Je relève ta jupe et viens coller mon nez à l’origine du monde.
Je bois tes liquides, puis te porte au salon. À te voir sur le dos,
Vautrée sur le divan, molle et moite, je te prendrai, crâneur…
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BLEU ! Comme un ciel d’été vaste et pur, auréolé par la traîne
D’étoiles flottantes à ses côtés, nouée à ses cheveux si beaux.
La Fille du Vent a trouvé dans l’azur l’harmonie la meilleure,
L’équilibre parfait entre cœur et raison, exempte de chaînes.
Quand tu veilleras dans son palais céleste, à te voir sur le dos,
Vautrée sur le divan, molle et moite, je te prendrai, crâneur…
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VERT ! Comme l’émeraude à ton doigt, sceau de notre amour,
Indéfectible gage de bonheur et d’espoir, ils iront crescendo.
Dans un profond baiser, nos bouches ont trouvé, chanceuses,
Dans quel calice boire l’élixir grisant de nos joies sans détour.
Merci de tes dons, attends voilà le mien ! À me voir sur le dos,
Vautré sur le divan, offert et raide, tu me prendras, crâneuse !
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Ô noble égérie ! Tes avatars hanteront ma mémoire, pareils aux
Irisations colorées d’un kaléidoscope fantastique qu’une artiste
Inspirée offrirait aux regards. Ton bras gauche relevé en accent
Circonflexe tout autour de ton visage, dans l’abandon du repos !
Ta bouche entr’ouverte dans l’attente de l’autre, sûr qu’il existe !
Tes yeux fermés grand ouverts sur le monde menaçant du néant,
Des bassesses amères pourfendeuses de nos sens ! Tes deux seins
Généreux, gonflés comme des outres, d’où jailliraient des vapeurs
De liqueurs sucrées ! Et cette rotation de hanche, discrète mais si
Troublante ! Elle met en avant tes deux cuisses potelées à dessein
En rondeur. Oui ! suave amante d’un jour, de ces rets de couleurs
Dans lesquelles tu m’as pris, de ces jeux-là, je me libérerai aussi…
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Nos amours s’achèvent donc en un feu d’artifices de jaillissement
De visions et en un bouquet final de lueurs éblouissantes, vives et
Crues, comme en terre calabraise. Car, sans trop savoir pourquoi,
Je te veux italienne, élégante et racée, les prunelles soulignées de
Traits incendiaires, révélateurs de l’élan de tes désirs proclamés.
Vêtue de ces lignes dessinées par une main sur ta peau, t’aimant,
Aux reflets infinis d’un rouge-oranger, regagne ta péninsule d’été.
Mes chimères s’estompent au milieu des éthers, bien insolite toit,
Avant de disparaître avec, dans leur sillage, un soleil bienheureux,
Dans l’attente de Celle prête à m’aimer comme je l’aime : À jamais.
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P 10 – Ô Femme Rouge-Oranger !
Poème écrit par Philippe Parrot,
Commencé le 17 mai 2012
Et terminé le 27 mai 2012
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