Dans la philosophie chinoise, le Yin et le Yang sont deux essences indissociables et distinctes qui, insérées au cœur de l’univers, contribuent au souffle de l’énergie originelle, à l’œuvre dans tout phénomène.

Le « Taijitu », symbole du Yin et du Yang, se présente sous la forme d’un cercle, expression d’un cosmos qui tourbillonnerait sur lui-même, mû par le S intérieur qui sépare et unit le Yin et le Yang. Ainsi, le mouvement originel qu’il représente n’est pas impulsé par le centre mais par l’imbrication dynamique de ces deux entités qui se marient parfaitement. Il faut d’ailleurs noter qu’à l’inverse de la philosophie orientale, la pensée occidentale a tendance à penser trop souvent la dualité en terme d’opposition, et non de complémentarité.

Le Yin (noir ou bleu) représente le féminin, la lune, le sombre, le froid, le négatif, etc. Le Yang (blanc ou rouge) représente le masculin, le soleil, la clarté, la chaleur, le positif, etc. Ces deux entités, tantôt définies comme des forces, tantôt comme des substances, sont tellement liées entre elles qu’elles ne peuvent exister l’une sans l’autre. C’est la dynamique de leur imbrication qui constitue tout à la fois le moteur et l’unité de l’univers.

Les symboles Yin et Yang renvoient non seulement à des relations d’interdépendance, l’un ne se concevant pas sans l’autre, mais aussi à des relations de transmutation, l’un se transformant en l’autre. Le « Taijitu » est donc une figure d’ordre, d’équilibre et de transformation — fondée sur le principe de complémentarité — qui porte concomitamment en elle l’idée du mouvement tourbillonnaire. En fait, dans cette harmonie contrastée et mouvante, l’unité et le devenir résultent des différences de l’un par rapport à l’autre, différences dont les interactions réciproques génèrent des actions qui modifient constamment la nature des deux acteurs.

Les points de couleurs opposées au centre de chaque entité rappellent cependant qu’il y a du noir dans tout ce qui est blanc, et inversement qu’il y a aussi du blanc dans tout ce qui est noir. Ainsi, les choses et les êtres ne peuvent être considérés comme constitués d’une seule caractéristique. Les unes comme les autres possèdent des propriétés dominantes mais aussi, en eux, leurs contraires.

Philippe Parrot

                                Philippe Parrot : Poème contemporain 21 : Ténèbres d'une vie - Yin. dans Poésie yin-et-yang-32                          yin bien dans Poésie

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C’est en fait sur cette dynamique-là — prônant tantôt les idées d’opposition et de ténèbres tantôt les idées de complémentarité et de lumières — que je me suis appuyé pour rédiger deux textes dont l’un est présenté ci-dessous.

À ce propos, quelques précisions s’imposent. Comme avec « Un ara entre ses mains » — poème où je me fixais comme règle que le lecteur puisse le lire de haut en bas et de bas en haut — avec « Ténèbres d’une vie » et « Lumières d’une vie », je me suis là aussi imposé un exercice de style. Pour que chaque poème soit très exactement le pendant de l’autre et que tous deux s’inscrivent dans une dualité, à l’image du Yin et du Yang indissociablement liés l’un à l’autre quoique distincts, j’ai veillé à ce que, pour les deux poèmes, les premiers verbes de chaque strophe soient identiques et renvoient tous à un même thème, l’ensemble couvrant au final ce qu’on pourrait considérer comme les grandes étapes d’une vie. Ensuite, je me suis astreint à ce que le verbe de chaque fin de phrase se retrouve impérativement au milieu de la phrase qui suit, là aussi pour chacun des deux poèmes. Il s’ensuit qu’ils se ressemblent parfaitement dans leur structure mais s’opposent totalement dans leur philosophie.

Ces contraintes stylistiques étant fortes, il en résulte que ces deux textes pourront sembler arides à première lecture, trop pauvres en images, trop riches en idées, les rendant de ce fait quelque peu « indigestes ». Pour y trouver éventuellement un intérêt, il faudra donc avoir envie de les apprivoiser et de les comparer, en prenant le temps de les lire et de les relire l’un après l’autre.

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Poème 21 : Ténèbres d’une vie

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Naître sans avoir eu à demander.

Végéter sans demander de cesser.

Croître sans cesser de le regretter.

Vieillir sans regretter de décliner !

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Avancer sans tenter d’apprécier.

Foncer sans apprécier de penser.

Progresser sans penser y arriver.

S’élancer sans arriver à vaincre !

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Se suivre sans venir se chercher.

Se pister sans chercher à s’avoir.

Se courser sans s’avoir et piéger.

Se traquer sans piéger et garder !

*      *     *      *

S’approcher sans crier le vouloir.

S’atteindre sans vouloir se parler.

Se faire face sans se parler d’oser.

Se regarder sans oser se toucher !

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Partager sans être fier de devoir.

Dialoguer sans devoir s’engager.

Écouter sans s’engager à donner.

Compatir sans donner à espérer !

*      *      *      *

S’attacher sans croire le pouvoir.

Se lier sans pouvoir s’en saouler.

Se livrer sans se saouler de jouir.

S’enchaîner sans jouir de ployer !

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Aimer sans œuvrer à s’en repaître.

Chérir sans se repaître de caresser.

Dorloter sans caresser à s’attendrir.

Choyer sans s’attendrir à protéger !

*      *      *      *

S’exiler sans songer à s’en offusquer.

S’isoler sans s’offusquer de renoncer.

S’enfermer sans renoncer à se priver.

Se murer sans se priver de se châtier !

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Alors oui, à vivre ainsi, autant partir !

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fichier pdf P 21 – Ténèbres d’une vie

Poème écrit par Philippe Parrot

Commencé le 19 mars 2013

Et terminé le 24 mars 2013

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À propos de ce poème, Sandra Savajano a écrit le commentaire suivant :

« Une pensée me vient à l’esprit après avoir lu votre introduction à ce poème. Vous l’avez traité suivant un a-priori, occidental, en dualité plus qu’en complémentarité. Ne serait-il pas intéressant par la suite, en conservant le même thème, de travailler l’autre version, extrême orientale, celle des complémentaires, ayant pour but final de trouver dans vos écrits, sur ce thème, à la fois la complémentarité et la dualité. Ensuite, chaque lecteur pourrait suivre la voie qui le touche le plus. Je trouve cette idée intéressante, même si elle impose par sa contrainte à l’auteur. Personnellement, je serai intéressée de vous lire dans les deux versions, étant persuadée de par votre talent, que vous arriveriez à restituer les deux dans leur entité. »

P.S : Quelques jours plus tard, convaincu par le bien-fondé de la remarque de Sandra Savajano, je relevais le défi et écrivais le pendant à mon poème « Ténèbres dune vie »

Découvrez-le maintenant ! Poème 22 : Lumières d‘une vie

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