Au bout d’un ponton, dans une aube incertaine où lignes, formes, matières et espaces semblent se fondre et se confondre dans une même tonalité, un regard émerge pourtant de la grisaille ambiante, aussi poignant que l’étrange atmosphère qui règne sur ce  bord de mer.  

Deux yeux nous fixent, énigmatiques et pénétrants. Cherchent-ils à inciter à inviter, à partager à révéler, à retenir à libérer ? La réponse à cette dérangeante question, à chacun de la formuler comme il l’entend, surtout comme il la sent…

Philippe Parrot : Poème contemporain 24 : Yeux levants dans Poésie yeux-levants-31

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Poème 24 : Yeux levants

.

Ressens l’envoûtement

De la grisaille

Ambiante !

Elle cerne la mer étale

Et la jetée, de lueurs blafardes.

.

Dans cet encerclement,

Représailles

Oppressantes,

Des blessures fatales

Te réveillent, sur tes gardes.

*      *      *      *

Aux abords du ponton,

En planches

De guingois

Partantes vers l’horizon,

Tu demeures, hésitant et las.

.

À marcher à tâtons,

Chaque manche

Aux abois,

Cesse ! Va sans raisons

Où les lignes se joignent, là-bas !

*      *      *      *

Oublie ce crépuscule

D’automnes

Désespérants

Et ne vois que ces yeux,

Fixes ! Ils t’exhortent à revivre.

.

Ce regard exempt de calcul

Rayonne,

Pénétrant.

Chasse la tristesse des lieux

Par l’éclat de l’âme qu’il délivre !

*      *      *      *

N’hésite plus et cours !

Conscience pure,

Elle guidera,

Omnisciente voyante,

Tes pas vers un destin de choix.

.

Une volonté la parcourt,

Tapie mais sûre.

Va ! Elle t’aidera.

Ne la crois pas malveillante,

Dans ses prunelles trouve ta voie !

*      *      *      *

Élance-toi, pousse un cri !

Martèle de tes pas

L’appontement

Branlant, bordé de pieux !

Ils se rejoignent dans l’opaque lointain.

.

Où, par quelle féerie

— Ne rejette pas

L’enchantement ! —

Terre, ciel et eau, en un axe radieux,

Se croisent se mêlent et se fondent en Un !

*      *      *      *

Bord atteint en un bond,

Le cœur en liesse,

Entre deux mondes,

Plonge malgré tes peurs dans l’océan,

Aux abysses profonds, sous son œil impavide.

.

Nage jusques au fond !

Jouis des ivresses

Des envoûtantes ondes !

Et quand tu remonteras, défaillant,

Les vagues te porteront, suffocant et livide.

*      *      *      *

Dans un

Foisonnement

D’écumes, réjouis-toi !

Hors des froides eaux, tu jailliras,

Les yeux ouverts, les bras tendus ! Alors,

Admire ! Couchant, l’ancien monde aura changé.

.

Il n’y aura plus cet univers gris, hier encore manichéen,

Mais des bleus des rouges des roses et des verts. Des chatoiements

Aux couleurs de son sang, de sa peau, de ses folies, de ses espoirs, ma foi !

Là, sur le ponton, c’est elle qui t’attend, ses cheveux au vent coupés ras

Et sa robe ondoyant sous la brise. Elle te tend sa main au gant d’or.

Rejoins-la vite car l’heure redoutée est proche. De t’engager !

.

fichier pdfP 24 – Yeux levants

Poème écrit par Philippe Parrot

Commencé le 09 juin 2013

Et terminé le 13 juin 2013.

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