Peut-être qu’un jour, si l’inspiration rejaillit, la Fille du Vent deviendra-t-elle l’héroïne d’une histoire… Une femme déconcertante, si naturelle et spontanée dans ses élans qu’elle ne s’épanouit qu’à vivre dans l’instant, portée par les seules émotions d’un cœur pur et aimant, peu soucieux des préjugés comme des interdits.

En somme, une pythie éclairée, venue d’ailleurs et rencontrée par hasard, dont les intuitions pénétrantes permettront à ceux qui la croiseront au fil des chapitres, d’aller jusqu’au bout de leur propre chemin, comblés d’avoir découvert et vécu, grâce à elle, ce qui leur manquait…

Philippe Parrot.

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30 - Enchanteresses visions

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Pierre Bachelet – C’est sûr, elle est d’ailleurs.

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Poème 30 : Enchanteresses visions

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Mes mains moites de sueur, en geôlières vigilantes,

Ont claqué bruyamment la porte de la banale chambre

D’un vieil hôtel. Mes démons, pleins d’ardeur dévorante,

Brûlaient vivement mes chairs, en ce soir de novembre.

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Mon esprit ne songeait déjà plus à la gare, toute proche,

Où passent d’interminables convois, de trains de voyageurs,

Destinés à mener maintes âmes errantes, souvent sans anicroche,

Vers des contrées perdues où meurent les sans-grades rageurs.

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Malgré les sifflements stridents de ces monstres d’acier,

Plus échauffé qu’eux, j’entendais battre mon cœur dans ma poitrine.

Des coups de boutoir à creuser davantage ma figure émaciée !

Dans ce tohu-bohu, j’ai ouvert la fenêtre, dilatant mes narines.

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L’air glacé du soir, avec ses bourrasques, a fouetté mon visage.

Sans doute pour échapper au froid, paupières closes, je me suis vu voler,

Parmi les nuages, avec la Fille du Vent venue à ma rescousse, en nage.

Seuls, toute une nuit, à quadriller les cieux, sans jamais l’affoler !

*      *      *      *

Amusée comme une amante prenant plaisir aux caprices, elle souriait

De me voir mordiller sa laiteuse peau sucrée et boire sa lymphe claire.

Elle purifiait mon âme et chassait toutes mes peurs, jamais appropriées.

Divine, avec ses grâces de déesse, elle me transportait de joie. Stellaire !

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Dés lors, j’ai parcouru des mondes inconnus, toujours avec elle, errant

De terres en océans, d’azurs en horizons, d’astres en étoiles… Et même

De galaxies en univers ! Sans me rebeller, ébloui, je l’ai suivie, indifférent

À mon passé, croisant dans nos voyages l’aura de tous les morts blêmes.

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J’ai vu ! disparaître des planètes happées par des trous noirs, dissoutes

Dans le néant de l’Espace, destructeur de toute matière, ailleurs et ici-bas.

Au milieu de déflagrations, d’écroulements, j’ai vu ! la Faucheuse absoute

Se glisser en ricanant dans le monde des vivants pour nuire à leurs ébats.

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Queues de comètes, astéroïdes et voies lactées, dans le Vide, j’ai parcouru

Les territoires de l’Au-Delà sans rencontrer d’illuminés aveugles, amoureux

De phares à la lumière scintillante. Ces guides de vieilles baleines bourrues,

Désireuses de s’échouer sur de vastes grèves, en quête de soins rigoureux !

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J’ai vu ! ce que nul être ne voit : des aurores boréales aux couleurs mystiques

Magnifier ses brunes mèches, aériennes et légères, au gré des ascensions,

Semblables aux vagues à la surface des mers. En maint frisson cosmique,

À caresser ses épais cheveux, j’ai ressenti l’amour à mes palpitations.

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Là-haut, contre son sein, à des hauteurs vertigineuses, j’ai vécu des délires,

À des rythmes infernaux, fous à mon goût, dans l’attente d’un déluré soleil,

Chasseur de la lueur des jours comminatoires. Si blanche, qu’elle fait pâlir

Les amants couchés sur la mousse, à l’orée des bois, leurs sens en éveil !

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Accroché à sa fine taille de guêpe, sa longue chevelure enrubannée de tresses,

J’ai vu ! d’incandescents éclairs zébrer les ténèbres d’électriques déchirures,

Entre lesquelles des aigles s’aventuraient, hérauts d’éternité… Sans cesse,

J’ai vu ! s’abattre des trombes d’eau à même de cicatriser mes blessures.

 .

J’ai vu ! d’élégants cygnes tués par des soudards, portés par des courants,

Et lu dans leur regard qu’ils pardonnaient pourtant aux débiles assassins,

Ces sots qu’on appelle « hommes ». J’ai vu ! un arc-en-ciel, si conquérant

Que ses flèches allaient dans le mille. Fichées dans nos cœurs à dessein.

 .

J’ai vu ! sa silhouette vaincre de terribles autans, plus puissants et teigneux

Que les touffeurs du sirocco ; j’ai vu ! me croirez-vous, son âme d’hirondelle,

Piquer vers les dunes et prendre tous les risques, sous des airs dédaigneux,

Puis, triomphante, près du sable, rejoindre le firmament d’un coup d’ailes.

 

J’ai vu ! à me perdre dans ses yeux, des poudroiements d’espoir accrochés

À des pics inviolés ; j’ai vu ! à me noyer, des sirènes, à face d’ange, baiser

Des mains fébriles, avec tant de troubles que leurs corps se rapprochaient.

J’ai vu ! dans leur sang, rouge comme un coucher, le signe de vies sensées.

 .

J’ai vu ! une licorne dans un cloaque, éprise de liberté, et nos larmes de joie

Changées en constellations, lui indiquer la voie pour trouver son chemin.

J’ai vu ! plus qu’entendu, ses lèvres avouer que nous voyagerions cent fois,

Dans l’œil des cyclones, tournoyant dans l’éther, nous tenant par la main.

*      *      *      *

Oh ! Je t’ai tant désirée ! Portée par le vent, tu es alors entrée dans la pièce.

Beauté tombée des Nues, sauvage, voilà que tu daignais te poser sur le sol

Et entrer dans ma vie… J’ai reculé d’un pas, surpris par tant de hardiesse.

Tu m’as ouvert tes bras, invite à me blottir contre toi. Vibrante, tu consoles.

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T’avais-je conquise ? Tu t’échappais de mes rêves pour t’incarner en femme,

Et, dans la nuit naissante, nous avions jusqu’à l’aube pour mêler nos destins.

J’ai fermé la fenêtre et tiré le rideau. Enlacés, nous gagnâmes le lit, nos âmes

Ivres car, sous tes ailes repliées sur nous, nos sexes se trouvaient, d’instinct.

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Hélas, t’es partie ! À l’aube, ne restait qu’une plume tachée de sang carmin.

Arrachée à ton corps, trempée dans l’encre bleue, elle inspire ma main…

 .

fichier pdfP 30 – Enchanteresses visions

Poème écrit par  Philippe Parrot

Commencé le 17 novembre 2013,

Terminé le 28 novembre 2013

Et modifié le 18 septembre 2024

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