Ah ! Sentir en soi la vie bouillonner, envahi par des désirs, bien ancrés dans le ventre, qui nous submergeraient pour exacerber nos émotions, bien enracinées dans le cœur, quelle indicible ivresse…
Oui, laisser aller notre nature profonde, sans limite, sans frein, pour vivre jusqu’au bout nos passions, emporté par d’inextinguibles élans qui nous donneraient le courage de tout oser et de ne rien se refuser ; de tout prendre et de tout donner ! Oui, bannir la raison et affranchir les sens pour jouir enfin des plaisirs avec un féroce appétit, libéré du joug des règles et des lois, en compagnie d’êtres aimés aussi déments que soi, prêts à toutes les expériences pourvu qu’elles grandissent…
Pure folie ! Aucun homme ne peut avoir, dans la vraie vie, assez d’audace et de force pour satisfaire une pareille exigence d’absolue volupté. Quant aux rares qui s’obstineraient, désireux qu’une telle extase les gagne, qu’ils laissent donc à la musique le soin de les posséder ! Et certains le sont manifestement… Car, pour concevoir le rythme endiablé d’une aussi percutante et sauvage orchestration ou pour se laisser embarquer par elle, l’âme et le corps en transe, il faut avoir, ne serait-ce qu’une seconde, rêvé de pactiser avec le Diable ! Le seul maître incontesté en matière de jouissances.
Philippe Parrot
* * * *
Poème 41 : Corps et âme, au diable !
.
Observe avec stupeur,
Sorti des catacombes,
Cet inquiétant joueur,
Chasseur de colombe !
.
Au-dessus d’écouteurs,
Plaqués sur ses oreilles,
Des arceaux à l’honneur
Au crâne, l’appareillent !
.
Impavide, avec son bonnet
Foutrement calé sur sa tête
On dirait un alien enchaîné
À l’enfer en perfide esthète.
.
Derrière de noires lunettes
Barrant net un rond visage,
Deux yeux de diable en fête,
Retiendraient-ils leur rage ?
.
À les croire jaillis des épaisses
Ténèbres, ses doigts enserrent
Dans la lumière avec hardiesse
Quoi ? À damner cœur et chair !
* * * *
Retiens ton souffle comme avant
Une tempête, haletant et inquiet,
Quand le corps tressautant attend
Éclairs et vents prêts à le balayer !
.
Brusquement, surgis de nulle part,
Entends dans tes oreilles, inhibant,
Gronder en cadence fruit du hasard
Neuf coups de tonnerre percutants !
.
Sourds, lourds, battants, fracassants,
Ils s’en prennent, rageurs, à ton âme.
Elle frémit au martèlement incessant
De ce tempo guerrier et s’enflamme…
.
Envoûtant, il réveille dans ton ventre
De vils appétits et d’ancestrales peurs.
Elles gagnent tout ton être et rentrent
Dans tes pensées, torturées en chœur.
.
C’est alors que détone, dans un souffle
Puissant, un son strident et métallique.
Il chasse salon, fauteuils et pantoufles,
Repères amers de vies trop anémiques.
.
Quelle entrée en matière ! Mais attends
Maintenant qu’il brise ta chère retenue
Et te pousse à danser, soudain exultant,
Un torride sabbat avec une sorcière nue.
* * * *
Ose t’affranchir ! Dans ce décor spartiate
Où le noir domine, annonciateur tangible
De tortueux désirs, mon envie immédiate
M’exhorte à t’initier à des joies indicibles.
.
Sans autre habit que mon parfum, regarde
Mes bras mes jambes entrer dans la transe.
Brise ta pudeur, ne sois plus sur tes gardes !
Baguettes et tambour t’invitent à l’outrance.
.
Bruyant comme une tornade dans les airs,
Écoute l’harmonica, ses souffles ravageurs,
Ses syncopes altières, s’infiltrer dans l’aire,
Tapie dans ta poitrine où ta force demeure.
.
Sur un blues enfiévré, par une caisse claire,
Ce poignant archange des ombres de la nuit
Joue à l’inquisiteur. Qui te condamne à faire
Monter au bûcher ta vie, rongée par l’ennui !
.
Enivre-toi de ces décibels crachés sans fin !
Ils fracassent tes tympans à les faire éclater.
Swingue avec moi, plaqué contre mes seins !
Envoyée du Destin, il m’invite à nous hâter !
.
Embrasse-moi, ferme tes yeux ! Enfin, tu verras !
Enlace-moi, écoute ton cœur ! Enfin, tu comprendras !
Conquiers-moi et dompte ta raison ! Enfin, tu te maîtriseras !
Garde-moi et creuse ton sillon ici-bas ! Enfin, ton esprit s’élèvera !
.
P 41 – Corps et âme, au diable !
Poème écrit par Philippe Parrot
Commencé le lundi 12 mai 2014
Et terminé le lundi 26 mai 2014
Vous aimez ce poème. Partagez l’article ! Vous contribuerez ainsi à la diffusion de mes mots.
Pour visualiser le poème en même temps qu’il est lu, cliquez simultanément sur le fichier pdf et sur la vidéo !
* * * *
* * * *
Pour accéder à la totalité de mes poèmes classés par ordre chronologique et thématique, veuillez cliquer sur l’une des bannières ci-dessous :
* * * *
Notification : Conformément au code de la propriété intellectuelle (loi n°57-298 du 11 mars 1957), il est interdit d’utiliser et/ou de reproduire et/ou de modifier et/ou de traduire et/ou de copier le texte ci-dessus, de façon intégrale ou partielle, sur quelques supports que ce soit : électronique, papier ou autre, sans l’autorisation expresse et préalable de l’auteur. Tout droit réservé.