Depuis plus d’un an, il avait pris l’habitude d’investir régulièrement le jardinet, trouvant dans le feuillage persistant d’un épineux un abri contre les intempéries et les prédateurs. Au fil de ces derniers mois, nous l’avons donc côtoyé, lui laissant ainsi le temps d’apprécier notre compagnie, discrète et bienveillante. Jusqu’au début de cet été où un matin de juillet — alors que nous déjeunions — nous l’avons aperçu s’installer dans le feuillage d’un rosier grimpant, adossé à la fenêtre de la cuisine. Et construire en quelques heures son nid…

Aujourd’hui que les oisillons sont nés et déjà partis, ils demeurent dans ma mémoire, lui et sa femelle, comme un éclair de fantaisie, un souffle de poésie, dans un quotidien exclusivement studieux et strict.

Merci à eux de leur enchanteur passage !

Philippe Parrot

Merle noir

Photo d’Alain Abbadie

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Les 12 premiers jours de la vie d’un merle (Documentaire de Marco Réardon)

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Poème 48 : Merle noir

 .

Un matin, aux aurores, alors que nous nous étions attablés,

Plus tôt que d’habitude pour prendre un déjeuner,

En pleine conversation, tu m’as quitté des yeux, troublée

Par une apparition, à travers la fenêtre, dans la roseraie fanée.

 .

Au milieu des branchages, caché parmi les feuilles, œuvrait, infatigable,

Comme si l’accablait l’urgence de sa tâche, plus qu’une autre vitale,

Un merle très occupé à tourner sur lui-même de façon incroyable,

Dans un coin qu’il venait d’investir pour bâtir son nid, le jugeant idéal.

.

Alerte et sautillant, comme ces danseurs étoiles au milieu de la scène,

Le corps tout en transe, transportés par l’émoi et brûlants d’ardeur,

Il s’affairait sur place par bonds désopilants, exécutés sans peine,

Témoignant avec adresse de la maîtrise de son savoir bâtisseur.

.

Pareils aux projecteurs braqués sur un spectacle, les premiers rayons

Du soleil — à travers le feuillage — éclairaient d’un jaune flamboyant

L’animal afin que le désir te prenne, en quelques coups de crayon,

De fixer, sur un papier toujours à tes côtés, le tableau attrayant.

.

Mais, ballet vite interrompu, il s’envolait soudain, poussé par l’instinct,

Afin de survoler la ville et ses rues arborées, en quête de brindilles

Qu’il ramenait au bec et déposait de suite en des endroits distincts.

Et je t’observais, surpris que tu t’intéressas à de telles peccadilles.

 .

Car tu t’attendrissais, silencieuse, devant le va-et-vient incessant

De l’oiseau déterminé à construire, entre vols et assemblages,

Transports et colmatages, un abri où cacher ses œufs voyants,

Si proche de la maison que tu t’émerveillais qu’il ait eu ce courage.

.

Les tiges de bois, choisies à bon escient, s’amoncelaient et s’agençaient,

Formant une demi-sphère, large et arrimée sur trois branches robustes.

Elle tranchait dans la verdure ambiante, massive tache brune enchâssée.

Il en émanait peu à peu de ce travail d’orfèvre, au nom d’une cause juste,

.

Dans ton regard ébahi, une fascination sans borne pour les choses de la vie.

Qu’hommes et bêtes se démènent sans cesse, poussés par leurs pulsions

Source d’énergie, c’était, à tes yeux, une preuve de l’instinct de survie !

Comme celle qui sourd en toi, lumineuse, moteur de tes passions !

 .

Des sourires sur ton visage mouraient et renaissaient comme les vagues

Écrasées sur la gréve dans un jaillissement d’écume, dispensatrice de joie.

À te voir toute émue, j’exultais qu’un merle ait amené mon âme dans le vague

À déceler par hasard dans ton attitude, matière à conforter mon choix. De toi !

.

Dans le jardin baigné de gazouillis, la matinée entonnait une étrange musique

Aussi douce et apaisante qu’un vent caressant qui rassérénerait les cœurs.

Ravi de te voir enjouée, je me demandais si l’oiseau, sur toi mon Angélique,

N’avait pas le pouvoir d’un Merlin, t’ouvrant grand les portes du bonheur.

.

Ses envols, son labeur nous captivaient, plongés dans un rêve éveillé :

Une vision idyllique d’un monde où régneraient lumières et harmonie,

Écoutes et compassion ! Une ébauche vivante d’un avenir ensoleillé

Qu’à travers son allant, nous percevions briser nos sottes manies !

.

Au pied du rosier, torturé de l’avoir repéré, notre chat s’en prenait à lui-même,

Désemparé de devoir supporter la fougue d’un volatile capable de le narguer.

Ah ! Épier, statufié sur le sol, sa proie, dans l’attente de la faute qu’il aime :

Se poser pour saisir une brindille, juste le temps qu’il puisse l’alpaguer !

.

Son manège entrevu, tu l’as pris dans tes bras, miaulant son désespoir

De se voir arraché à son poste de guet et enfermé dans une pièce voisine,

Privé d’un repas qu’il avait presque fini par oublier à chaque jour devoir

Avaler la même plâtrée déposée tous les soirs sur la table de cuisine !

.

Tu étais à peine revenue pour t’asseoir près de moi et admirer l’ouvrage

Qu’il édifiait quand tu m’apostrophas : « Viens, allons dans notre nid ! ».

Tu t’es levée d’un bond pour me prendre par la main et, dans ton sillage,

Je t’ai suivie dans notre chambre, à l’étage, où nous attendait notre lit.

.

fichier pdf P 48 – Merle noir

Poème écrit par Philippe Parrot,

Commencé le jeudi 24 juillet 2014,

Terminé le mardi 29 juillet 2014

Et modifié le 20 septembre 2024.

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