Qu’elle frappe le français Hervé Gourdel, décapité mercredi 24 septembre, ou qu’elle frappe les américains James Foley et Steven Sotloff, exécutés de la même manière, la barbarie vient encore nous interpeller violemment, relayée par les médias qui analysent les conséquences géo-politiques de ces événements et les Chefs d’État qui décident des actions à mener pour tenter de « neutraliser » ces Fous-de-dieu qui prétendent instaurer la terreur et la dictature au nom de la religion.
Cependant, à chaque fois, ces louables et nécessaires réactions occultent délibérément le rappel de ce que ces trois otages pourraient avoir vécu, au plus profond de leur être, à leurs derniers instants. Tant il est difficile et hasardeux, reconnaissons-le, de vouloir rendre compte de l’indicible et du tragique qui marquent toujours les ultimes secondes d’une vie…
Quelles sensations ont-ils éprouvées, quels sentiments ont-ils ressentis à l’heure de mourir ?
Le poème qui suit est une tentative – sans aucun doute vaine et illusoire – de rendre hommage à ces suppliciés, en tentant tout à fait arbitrairement d’imaginer ce qui put tourmenter l’esprit et le cœur de Steven Sotloff au cours de la macabre mise en scène de son exécution, juste avant que douleurs et souffrances ne viennent submerger sa conscience et qu’elle ne bascule dans le néant.
Philippe Parrot
Hervé Gourdel et ses geôliers
Steven Sotloff et son bourreau
* * * *
Poème 56 : Seul, face au bourreau
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Agenouillé au sol, les mains derrière le dos,
Dans ma tenue safran,
Tranchant avec le noir de son habit de mort,
La peur glace mes os.
Je reste pourtant stoïque, impavide et fermé, offrant
Ma nuque au maure.
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Un souffle caressant m’emporte comme une vague,
Sur une mer céleste,
Vers des contrées lointaines, au fin fond de l’éther
— Très loin de ce goulag ! —
Où je navigue déjà, la grand-voile gonflée et le cap vers l’est,
Ivre de Large et d’air !
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La poitrine en avant, le cou bien dégagé, j’attends mon heure,
De bête à l’abattoir,
Offerte en sacrifice, docile et impuissante, pour une obscure cause.
Incroyable gageure,
Mon corps ne tremble pas. Je vogue sur des flots, lisses comme un miroir.
Quelle métamorphose !
.
Dans un raz-de-marée d’images et d’émotions, toutes écrasées en rouleaux
Sur les sables mouvants
De l’esprit en sursis, ultime îlot de liberté qu’engloutira une lame vengeresse
Dans un abysse sans halo,
Mon passé, par pans, refait surface et, dans cette tempête, mort vivant,
Je me rappelle tes caresses.
.
Quant à toi, lâche bourreau, fier de jouer au matamore devant la caméra,
Aie une mort plus douce
Que celle que tu m’infliges lorsqu’au bord de l’abîme, s’arrêtera de battre
Ton vil cœur de scélérat !
Malgré ta cruauté et mon dépit, dans l’Éternel Flux j’irai à ta rescousse…
Si tu consens à débattre !
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Poème écrit par Philippe Parrot
Commencé le dimanche 21 septembre 2014
Et terminé le mardi 23 septembre 2014
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