Commentant un poème où l’auteur passait sans transition du conditionnel au futur, une personne écrivait sur internet : « Il persiste en moi une part de mon ancien être qui est touchée plus particulièrement par votre usage du temps futur et non plus du conditionnel. Ainsi, un temps, cette part infime revit furtivement un espoir déchu qui, sur l’instant, ne l’est plus ». Surpris par la pertinence de cette remarque, j’ai soudain réalisé à quel point l’usage des modes et des temps — indépendamment des images véhiculées par les mots — pouvait avoir un impact sur les sentiments. Il m’est alors apparu nécessaire de rendre hommage à la grammaire et au futur qui parviennent à faire revivre dans nos cœurs, l’espace d’un instant, nos espérances les plus grandes, quand bien même nous semblent-elles déçues. Et de remercier à ma manière l’internaute dont la touchante pensée inspire largement le texte qui suit….
Philippe Parrot
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Poème 59 : Grammaire du cœur
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Avez-vous à l’occasion remarqué,
Certaines heures,
Dans le dédale de nos pensées
Et les errances de nos cœurs
Par un amour blessés,
Qu’on se laisse parfois, par l’espérance, embarquer ?
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Ces soirs-là, à la croisée de chemins,
Aux yeux des autres cachés,
Dans le lacis de nos souvenirs
Et le fatras de nos attentes gâchées,
Vibrer à la lecture d’une lettre reçue, c’est venir
Raviver au tréfonds de son être le frêle espoir d’un demain.
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À jouer avec les temps de la conjugaison
Française et, surprise, à passer
Au fil des pages d’un mode conditionnel
À l’emploi d’un futur, ce glissement vient effacer
D’un trait — moment troublant et solennel —
Le désarroi journalier ressenti à devoir regarder seul l’horizon.
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Car apparaît dans nos chairs meurtries
— Et notre orgueil froissé —
Une brusque lueur… Elle réveille
Cette part de soi où gît un cher passé
Et, touché, nos espoirs d’hier, en sommeil,
Reviennent à la charge et l’on se surprend à ne plus se sentir aigri.
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Au contraire ! Malgré la rupture
— Et les souffrances engendrées par l’absence —
Revivent en nous, quelques secondes,
Nos sentiments d’avant, en silence,
Réactivés par l’expression féconde
De l’indicatif dans lequel on croit voir le revirement d’une âme mature.
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Ô exaltante promesse ! Par cet emploi
Grammatical, ressuscitées l’espace d’un instant,
Voilà que nos aspirations déçues
— Fugacement — ne le sont plus ! Et, insistant,
Le bonheur d’autrefois se rappelle à notre insu,
Dégageant la voie d’un bel avenir capable de nous inonder de joie.
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Poème écrit par Philippe Parrot
Commencé le dimanche 26 octobre 2014
Et terminé le mercredi 29 octobre 2014
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