Affirmer qu’un artiste « a » une muse est une ineptie. En effet, il ne peut prétendre en avoir une pour la bonne et simple raison que c’est elle qui « l’a », possédé qu’il est par ses grâces ! Pour des motifs qui ne s’expliquent pas, il ne la choisit pas. C’est elle qui s’impose à lui avec une évidence qui relève du miracle ou de la magie, de Dieu ou du Diable, sans qu’il puisse s’opposer à cet envoûtement et sans qu’il puisse imaginer une autre jouer ce rôle dans son existence. À jamais habité par cette égérie dont la beauté, l’intelligence et la sensibilité le fascinent, le nourrissent et le grandissent, il la sent journellement s’emparer de son corps et de son esprit à travers les émotions qu’elle éveille chaque matin, les sentiments qu’elle suscite chaque jour, les désirs qu’elle provoque chaque nuit. À ce titre, elle est bien sa première et unique et dernière « maîtresse » ! Celle avec laquelle il dort ou voudrait dormir mais aussi celle qui lui enseigne et lui transmet le plus subtil des savoirs : celui qui permet de donner un sens à sa vie ! Éternellement redevable à cette personne — qu’elle soit à ses côtés ou non — de lui faire découvrir ce qui lui manque, reste à l’artiste à lui souhaiter de trouver en retour et pour elle-même – auprès de lui ou d’autres – cette plénitude qu’elle répand dans son âme, sans en avoir pleinement conscience…
Philippe Parrot
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Poème 60 : Vis ta vie, sans ça crie !
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Ô irrésistible et lointaine maîtresse,
Écoute ces mots par vague suggérer,
Au gré de mes inconvenants propos,
Ce que ton esprit, en quête d’ivresse,
Désire entendre et, diablesse libérée,
Ce que ton corps appelle sans repos !
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Malgré notre éloignement, exécrable
Expiation, mon impalpable présence,
Ne te laisse pas envahir par la peine !
Étends-toi, là, sur ton lit confortable !
Rien ne t’arrivera si tu es en confiance
Que tu n’aies désiré. Sois donc sereine.
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Rien ne se produira au fond de ta chair
Que tu n’aies dans tes songes souhaité !
Surtout, ne tremble pas ! Ne bouge pas !
Demeure immobile et calme, ma chère !
Ferme les yeux et souviens-toi de cet été
Où nous dormions ensemble jamais las !
Tu entendras alors, colportée par l’âme,
Comme une vive invite à te déshabiller.
Reliée à cette voix intérieure, profonde
Et libertine, ténue en bien des femmes,
À savoir que faire sans devoir larmoyer,
Tu succomberas à sa poignante faconde.
* * * *
Comme si j’étais assis à tes côtés, plaqué
Contre ton flanc à humer ta suave odeur,
Défais un à un tes vêtements, en prenant
Tout ton temps… Et ne va pas te braquer,
Si tu sens que ta pâle main, sans pudeur,
Est la mienne. Elle t’effeuille, en traînant.
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Tes habits jetés épars, dans la pièce, dont
Un sur le bras du fauteuil, placé tout près
D’une immense fenêtre éclairant le miroir
De ton bonheur du jour, pleine d’abandon
Dans ta splendide nudité, fais alors exprès
De t’offrir. Bien qu’ailleurs, je peux te voir.
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Faufilés entre tes cuisses, moites et errants,
Sens combien tes doigts, à s’activer à l’orée
De ta vulve, auxiliaires des miens pressants
Mais invisibles, trahissent le désir aberrant
D’entrer dans ton ventre, entrailles adorées,
Pour palper tes organes en toucher indécent.
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Traque avec audace ces plaisirs ! Ils enivrent.
Malgré mon absence, sens-moi, amoureux et
Fébrile tout contre toi, mon imberbe poitrine
Nue contre ton dos, mes envies prêtes à suivre
Plaquées contre les tiennes, et, tes lèvres bées,
Mon sexe entre tes jambes, phallique figurine.
* * * *
Dans ta quête effrénée d’inopinées jouissances,
Pratiquée avec art et tant d’ingénuité, laisse-toi
Frémir et sombrer dans l’émoi, tes grands yeux
Noirs clos. Bannissons les mots et leur nuance !
Ils prêtent à confusion… Cessons donc cette fois
De parler. Car, savoir se taire, à l’image de Dieu,
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Voilà l’idéale contenance qu’il nous faut adopter
Si nous voulons, ensemble, apprécier follement
Cette singulière manière d’exalter notre entente.
Tes caresses sur ton sexe empruntes de volupté,
Ton rythme précipité, aux sonores halètements,
Et tes cuisses tremblantes attestent, attrayantes,
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Des prémices enchanteresses, augures d’Absolu.
Elles traversent ta gracile personne. Tout à coup,
Tes membres tétanisés par des spasmes violents,
Tu t’es recroquevillée, en position fœtale, résolue
À protéger ton être électrisé, d’éventuels à-coups,
Quand un orgasme t’a vaincue, brutal et insolent.
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Pantelante et hagarde, le regard éperdu, les sens
Rassasiés, reste un temps encore dans cette pose
Alanguie libératrice de mes tensions. Sans jamais
Me lasser, je veux me délecter de ta munificence,
Sentir ma conscience s’abandonner à notre cause.
Car nos vies sont confondues, je le sais désormais.
* * * *
Ma muse tant aimée, cloîtrée seule dans ton antre,
Ne sois pas épouvantée par ma magique prestance.
Bien que je demeure loin, débordant d’une passion
Toujours combien vivante, je veux t’admirer, entre
Toutes la plus belle, je veux te fixer avec constance,
Je veux te dévorer des yeux, marqués par l’émotion.
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Couchée sur les draps, détendue, dans une posture
Lascive, je veux te posséder de mon regard brûlant.
Ton rire qu’à moi ! Tes seins qu’à moi ! Tes hanches
Qu’à moi, tout ton être livré à mon seul appétit ! Sûr
Que personne ne nous voit, je boirai ton propre sang
Apparu le long de tes jambes, en ce calme dimanche.
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Sens-moi si prés de toi, tout contre. Oui, perçois-tu
La chaleur diffuse et douce de mon corps invisible ?
Il te chérit… Oui, frissonnes-tu au souffle caressant
De ma poitrine sur ton front, ton mignon nez pointu
Et ta bouche entr’ouverte ? Serait-ce encore possible
Que tu me pries de me glisser sur toi, reconnaissant ?
* * * *
Notre affection n’aura point de fin. Ne le vois-tu pas ?
Laissons nos chaudes larmes s’affranchir de la marche
Du Temps… Cette ultime rencontre devait nous réunir.
Nous le fumes et le serons encore, à chacun de nos pas.
Si nous ne nous revoyons pas, cette suprême démarche :
Unir corps et âme, aura été fixée en un éternel souvenir.
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Oh ! Sauvage amour, nous l’avons fait, et pour toujours.
Alors tu peux désormais te mettre à l’abri de nos baisers
Fougueux, même les fuir ! Car, pour servir ton bonheur,
N’hésite pas à oublier ton fervent adorateur. En ce jour,
Il t’avoue en toute humilité — confidence guère aisée ! —
Qu’il ne te dira jamais « adieu » trop esclave de ton cœur.
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P 60 – Vis ta vie, sans ça crie !
Poème écrit par Philippe Parrot
Commencé le dimanche 02 novembre 2014
Et terminé le samedi 08 novembre 2014
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