Totalement kitsch avec ses couleurs criardes, ses taches scintillantes disposées ça et là sur une queue de sirène d’un bleu trop bleu et ses thèmes éculés de mer, de plage, de femme à demi-nue offerte au regard dans une pose languide, cette image m’a de prime abord fait sourire, trouvant décidément que « trop c’est trop » dans l’abus des clichés. Mais la première impression passée, une fois ce mauvais goût déploré, toujours aussi fleur bleue qu’une midinette, je me suis laissé prendre au piège et charmer par la longiligne silhouette de cette ondine. L’idée m’est alors venue de la mettre en scène et, passant de la couleur au noir et blanc, j’ai changé l’atmosphère pour que l’illustration soit plus conforme à mes humeurs du moment. Le tour était joué et les mots n’avaient plus qu’à prendre le relais…

Philippe Parrot

Sirène

Photo trouvée sur internet – Auteur non identifié

 *      *      *      *

Poème 62 : Échouage

 .

Vieil escogriffe au regard ébahi,

Dans l’air crépusculaire

D’un soir sans mémoire,

Au bord des sémaphores

D’une mer agitée de chimères,

J’ai vu, quasiment nue,

Une sirène désemparée

S’échouer puis dénouer

Sa chevelure, sublime parure.

Sur une grève de rêves

Où s’arrêtent les crêtes

Et les brumes d’écume.

Ah ! Ces vagues, elles narguent !

 .

Lasse de voyager, elle m’émut.

En un éclair, sa galère

D’errances à outrance

A glacé mes pensées…

Je me suis soudain cru mais tu,

Chasseur de ces Sages,

Contrariés qu’elle nage

Complice des abysses…

Abandonner, brisée, la damnée,

À la vindicte sans raison

Reviendrait, quel attrait,

À réfuter, avec l’air buté,

Ses larmes, pleines de charme.

 .

Ô mes sens, attendrissez-vous

À ces pleurs d’un cœur !

Effleurer sans l’apeurer,

Délicat, avec mes mains

Et son accord, ce corps adoré !

À l’instar — et avec l’art —

D’un amant, oser une fois,

Oublieux des doux contes,

La chérir un instant, plein de foi.

Sache conjurer, bravache,

Le sort ! Vaincs ta honte !

Délaisse tes préjugés ! Ose

Et, tu verras, s’en ira ta froideur !

 .

Portée sans fin par la puissance

Des eaux vives océanes,

Tu vins t’offrir un mois

D’automne, en pâture :

À nous, matérialistes convaincus,

Bêtes de bien trop croire

À notre brillante Raison,

Au jugement pernicieux.

Fuir ta prison dorée pour les sables

D’hommes cruels et sots !

Prendre dès lors le risque

De passer sous leur joug !

Quelle cherté le coût de ta liberté !

 .

Ton visage las parut me supplier.

Souhaitais-tu de l’aide ?

Diable, serait-ce louable

De te dire ou de mentir,

D’être authentique ou hypocrite ?

Si fatiguée de naviguer,

D’être menée, chahutée,

Par des courants errants,

Obligée contre eux de te débattre !

Te poser, et ne plus lutter,

Ailleurs où c’est meilleur !

Voilà pourquoi, sans force,

Une orque te porta jusqu’à la plage.

.

Ô ma Belle, à trop m’écouter,

Tes maux, à mes mots,

Accrus, effarée soudain

D’apercevoir nul espoir,

Pas plus sur la terre qu’en mer,

Avec la marée là, prête,

Tu as alors levé la main,

Pour faire voir ton choix.

Nageant non loin de toi, inquiet

D’un parti pris sans prix,

Surgissant, d’un puissant

Coup de mâchoire, docile,

Le monstre t’ingéra dans sa gueule.

*      *      *      *

Dans les airs, un vol radieux

De très insignes cygnes.

Ils arrivaient en renfort.

Intrigué, me touchaient

Leurs grandes ailes blanches,

Leur fin cou tout étiré et

Leur chant. Ils parlaient

De toi, fière hors-la-loi…

Corps en charpie, salvatrice mort,

De tes membres broyés,

Dévorés dans l’instant,

Ton aura s’est libérée…

Je l’ai vue s’élever dans les cieux.

 .

Touché, j’ai gardé en mémoire

Cette envolée à ta gloire,

Ta belle âme transportée

Dans le vent, ton garant !

Par leur irruption, ils sauvèrent,

En ce monde à la ronde,

Sacrés rieurs migrateurs

Qu’aucun orage n’enrage,

Ton être en quête de plénitude !

À tournoyer longtemps,

Ils l’incitèrent, épanoui,

À s’élancer vers les Nues,

Comblé d’être enfin pur esprit…

 .

Et moi, pitoyable, qui ai glacé tous tes émois, sur un galet

J’ai trouvé une écaille de toi sauvée de la bataille, tout coi.

Je l’ai gardée comme souvenir pour la regarder à l’avenir.

Désespéré de ne plus croire en ta venue, ma belle disparue !

 .

fichier pdf P 62 – Échouage

Poème écrit par Philippe Parrot

 Commencé le samedi 15 novembre 2014

Et terminé le vendredi 21 novembre 2014

Vous aimez ce poème. Partagez l’article ! Vous contribuerez ainsi à la diffusion de mes mots.

Image de prévisualisation YouTube

Pour visualiser le poème en même temps qu’il est lu, cliquez simultanément sur le fichier pdf et sur la vidéo !

Pour découvrir un autre poème dédié à une sirène, cliquez sur l’image ci-dessous :

La petite sirène de Copenhague

Retour à la page d’accueil

 *      *      *      *

 I need you

*      *      *      *

Pour accéder à la totalité de mes poèmes classés par ordre chronologique et thématique, veuillez cliquer sur l’une des bannières ci-dessous :

Tous mes poèmes de 1 à 100        0 - Tous mes poèmes  De 101 à 200 bf

Tous mes poèmes de 201 à 300        Tous mes poèmes de 301 à 400

0 - Tous mes poèmes  De 401 à 500        Tous mes poèmes par thèmes

*      *      *      *

Notification : Conformément au code de la propriété intellectuelle (loi n°57-298 du 11 mars 1957), il est interdit d’utiliser et/ou de reproduire et/ou de modifier et/ou de traduire et/ou de copier le texte ci-dessus, de façon intégrale ou partielle, sur quelques supports que ce soit : électronique, papier ou autre, sans l’autorisation expresse et préalable de l’auteur. Tout droit réservé.

 

Votre nom : (oblig.)
Votre email : (oblig.)
Site Web :
Sujet :
Message : (oblig.)
Vous mettre en copie (CC)
 

 

Mots-clefs :, , , , , , , , , , , ,

Les commentaires sont fermés.

Théâtre du Moment | Unblog.fr | Annuaire | Signaler un abus | apprentie