La « voie verte » aménagée entre Néris-les-Bains et Montluçon, dans l’Allier, suit le tracé de l’ancienne ligne de chemin de fer qui reliait Montluçon à Gouttières par la gare de Néris. Suite à la signature d’une convention entre le Ministère des Travaux Publics et La Compagnie du Chemin de Fer de Paris à Orléans, cette dernière en obtient la concession en 1913. Toutefois, du fait de la Première Guerre Mondiale, les travaux ne commenceront qu’en 1921 pour s’achever dix ans plus tard, en 1931, avec la mise en service de la ligne qui, victime de l’importante diminution des curistes les années suivantes, ne sera jamais rentable.
Déclassée en 1972, après avoir été déferrée, elle fut aménagée en un chemin de randonnée en 1976. Longue de 6 kilomètres, cette route pittoresque passe par plusieurs viaducs, dont celui de Pérassier, le plus impressionnant avec ses neuf arches et ses 51 mètres de haut, qui offre un point de vue imprenable sur la région.
Philippe Parrot
Viaduc de Pérassier entre Néris-les-Bains et Montluçon
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Poème 67 : Viaduc
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Ils marchaient
Sur l’ancienne voie ferrée
Et recherchaient,
À leur transport tout affairé,
Les émois enchanteurs
De l’amour à son faîte,
Pleins d’échappées au cœur,
Face à moi, trouble-fête…
.
Je m’étais engagé,
Promeneur solitaire,
Sur l’aire dégagée
D’un viaduc loin des terres,
Adossé aux flancs verts
De collines forestières,
L’esprit las mais ouvert
Sur des haltes portuaires.
.
Expression du bonheur,
À les voir s’approcher,
J’ai souri, l’air moqueur,
Ne pouvant m’empêcher
De jalouser leurs rires,
Achevés en baisers…
Et, quitte à me trahir,
Je les ai observés, apaisé.
.
J’ai discerné, rougeoyant,
Dans les brûlants soleils
De leurs yeux flamboyants,
Le feu de passions en éveil,
Nourricières de leur être,
Trop heureux de goûter
Aux extases, en maître,
De leur chair envoûtée.
.
Portée par leur jeunesse,
Désarmante de candeur,
Mon âme avec hardiesse
S’est emportée. Joueurs,
Les mains à la rambarde,
Sûrs, ils s’y accrochaient.
Nullement sur leur garde,
Voilà qu’ils se penchaient !
.
Leur deux corps face au vent,
Aux souffles par bourrasques,
Ils respiraient fort, éprouvant,
Grisés par leur subite frasque,
L’ivresse des vigies, extatique,
De guet en haut du grand-mat,
Aux abords des côtes arctiques,
Saouls des blizzards et frimas…
.
Je remarquais leur bouche ouverte,
Ravis d’inspirer le revigorant éther,
Leur clair regard contempler, certes,
L’horizon mais rêver de s’en défaire.
Alors, dressés sur la pointe des pieds
Leurs frêles bras suspendus en croix,
Leurs doigts effleurés, ils s’extasiaient
Fiers de vivre selon leur propre choix.
.
Où s’embarquaient-ils,
Ces si fougueux amants ?
En route vers de filantes îles,
Étoiles océanes au firmament ?
Sur quelle piste d’un vaste monde,
Ouvert sur l’infini, d’un bleu marmoréen,
Dansaient-ils, en pensées, une céleste ronde ?
Je l’ignore toujours, banni de leurs rêves azuréens.
.
Frustré d’être, à jamais, exclu
De ces plaisirs trop explicites,
Ignorés dans ma vie de reclus,
Irrité par tant d’entente tacite,
Je m’en suis brusquement allé,
D’un pas tremblant mal assuré,
Retrouver mon bureau, esseulé,
Jaloux de leur bel avenir auguré.
.
Poème écrit par Philippe Parrot
Commencé le vendredi 26 décembre 2014
Et terminé le lundi 29 décembre 2014
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