Chaque jour, il nous arrive de croiser la fugace silhouette d’une femme qui nous trouble vivement bien qu’on l’aperçoive un bref instant. Qu’elle soit à marcher dans la rue, à conduire un véhicule, à regarder par la fenêtre, à voyager en face de soi, à s’exposer sur internet, à chaque fois sa lointaine et impalpable présence laisse néanmoins dans notre cœur une marque indélébile. Hélas, le temps de songer à ce que peut être sa vie, emprunte de mélancolie ou de joie, marquée par un présent sombre ou lumineux, et la voilà déjà disparue ! À jamais.
Mais qu’importe ! Aussi évanescentes soient-elles, ces chères visions demeurent dans nos mémoires et, dans nos moments de lassitude, elles savent nous enchanter, illuminant de leur charme indicible la morosité d’une vie qui, momentanément, nous échappe.
Philippe Parrot
Photo de François Roland, dit Chatlibre
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Poème 69 : Belles inconnues
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Je voudrais… déposer à vos pieds
Un bouquet de roses aux tiges liés.
À mon trac, vous le sauriez dédié :
À vous, étrangère aux appas épiés
Un instant dans la rue, le pas délié,
Guère encline à vous lier d’amitié !
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Je voudrais… susurrer à vos oreilles
Un tendre chant, digne de votre éveil,
Composé en un soir, sous une treille :
Pour vous, jeune fille dans le sommeil,
Assise dans le métro près d’une vieille,
Lasse de cette mère toujours en veille !
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Je voudrais… glisser dans vos cheveux
Une main aimante semblable à un aveu
Pour faire vite baisser les si beaux yeux :
De vous, reine d’un soir d’un bal fameux
Où fusionnent tant de rythmes lumineux
Quand les musiciens enchaînent leur jeu !
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Je voudrais… caresser votre blanche main,
Votre visage blême à trop craindre demain,
À vivre à la maison des heures sans entrain.
Oui ! vous, épouse, à votre fenêtre, en train
D’oublier qu’un futile mari vous a contraint
À ne plus croire en la beauté de l’Incertain !
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Je voudrais… me perdre dans votre ventre,
Dans vos chaudes entrailles, fascinant antre,
Ivre de vos mots : En moi, lentement rentre !
Dans Vous, amante virtuelle, je me décentre
Par vos audaces de mes manques, épicentres
De noirs désirs dont j’oublie être le chantre !
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Femmes aperçues, un moment dans la rue,
Lors d’une fête, sur internet, vos âmes à nu,
Que de vives illusions vous avez entretenues
Dans ma vie, allégeant sans aucune retenue
Mes peines mes désarrois mes déconvenues,
Douloureux jalons sur ma route biscornue…
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Ainsi, à ne pas saisir ma chance, mélancolique
Trop souvent, l’image de ces minutes magiques
Demeure ancrée. Mon cœur s’emballe, lyrique,
Et ce que je croyais enfoui comme une relique,
Resurgit. Ces baisers jamais volés, mirifiques !
Ces fugitives beautés loin de moi, pathétiques !
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Alors j’aime pendant mes heures de lassitude
Voir ces tendres fantômes hanter ma solitude,
Attristé d’avoir mal préjugé de leurs attitudes,
Incapable de les séduire, faute de promptitude.
Elles, si dignes d’amour sous d’autres latitudes,
Qu’un homme comblé se plie à leurs habitudes !
Poème écrit par Philippe Parrot
Commencé le mardi 13 janvier 2015
Et terminé le jeudi 15 janvier 2015
Une manière de rendre hommage à Antoine Pol,
auteur du poème « Les passantes » mis en musique par Georges Brassens.
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