Ouvrir par hasard un tiroir et, au milieu d’un fatras de babioles inutiles, retrouver un vieux cliché oublié là… Voilà qui est amplement suffisant pour qu’aussitôt des pans entiers du passé refassent surface, rappelant soudainement les émois et les troubles d’un premier amour. Et, à surprendre son sourire et la fraîcheur de son inaltérable jeunesse, trop vite écourtée, ce sont ses mots et ses gestes, ses regards et ses attentions, mes regrets et mes peines qui m’envahissent, attristé de la savoir à cette heure — et depuis si longtemps — reposer dans la terre d’un coteau picard, en surplomb du cours tranquille de la Marne.
Tout près de ce tournant qui précède l’entrée de son village où, bien des années après cette formelle remise de livres, elle avait décidé de m’attendre pour me faire une surprise, assise dans l’herbe, adossée au seul arbre qui se trouvait là, gracieuse et souriante. C’était encore l’été et nous projetions de nous promener en forêt.
Insouciants et sûrs d’avoir la vie devant soi, nous avions à peine vingt ans…
Philippe Parrot
Bonneil, son village au milieu des vignes, tout près de Château-Thierry…
Distribution des Prix – 5ème Cl2 – Juillet 1963
En souvenir d’Hélène T…., lumineuse lors de cet événement scolaire
Qui nous réunit tous deux. Hélas, brutalement décédée en 1970.
* * * *
Poème 71 : Premier amour
.
Sur un parterre de mousse,
Caché dans le sous-bois,
Notre amour a connu,
Nos cœurs à la rescousse,
Les plaisirs et les joies
Des corps sans retenue.
.
Mais passent les années,
S’estompent les souvenirs !
À t’avoir oubliée, comme j’en suis peiné.
Aurais-je donc dû te retenir ?
.
Nos chairs se mêlaient, éperdues,
Alors qu’au travers des frondaisons
Des chênes centenaires filtraient
Les rayons d’un soleil entendu
Lequel, sous couvert de l’arrière-saison,
Dispensait sa lumière, en retrait.
.
Mais passent les années,
S’estompent les souvenirs.
À t’avoir oubliée, comme j’en suis peiné.
Aurais-je donc dû te retenir ?
.
Pourtant, comme les feuilles mortes,
Tourbillonnant au vent,
Nos émois s’en sont allés,
Avec l’hiver en quelque sorte.
Que d’espérances auparavant
Dans nos poitrines, toutes deux emballées !
.
Mais passent les années,
S’estompent les souvenirs.
À t’avoir oubliée, comme j’en suis peiné.
Aurais-je donc dû te retenir ?
.
Hélas, le temps s’écoule et ne revient,
Laissant nos idylles en chemin !
Demeure ce vert et moelleux tapis
Dans ce coin de forêt — il t’en souvient ? —
Où tant d’amants se couchent, main dans la main,
Portés par un frisson profondément tapi.
.
Mais passeront leurs années,
S’estomperont leurs souvenirs.
À s’oublier aussi, en seront-ils peinés,
Amers de n’avoir point pu se retenir ?
.
Poème écrit par Philippe Parrot
Le lundi 9 février 2015
Vous aimez ce poème. Partagez l’article ! Vous contribuerez ainsi à la diffusion de mes mots.
Pour visualiser le poème en même temps qu’il est lu, cliquez simultanément sur le fichier pdf et sur la vidéo !
* * * *
* * * *
Pour accéder à la totalité de mes poèmes classés par ordre chronologique et thématique, veuillez cliquer sur l’une des bannières ci-dessous :
* * * *
Notification : Conformément au code de la propriété intellectuelle (loi n°57-298 du 11 mars 1957), il est interdit d’utiliser et/ou de reproduire et/ou de modifier et/ou de traduire et/ou de copier le texte ci-dessus, de façon intégrale ou partielle, sur quelques supports que ce soit : électronique, papier ou autre, sans l’autorisation expresse et préalable de l’auteur. Tout droit réservé.