Je lui ouvre la porte et elle me quitte chaque matin pour aller mener une existence sans moi, désireuse sans doute de se laisser porter par l’instant et l’instinct — au hasard de ses pérégrinations et de ses rencontres — sans que je puisse interférer sur son destin et sur ses choix. Cette vie périlleuse, passée loin du cocon qu’elle a choisi de retrouver chaque soir, reflète parfaitement le fier caractère, indépendant et autonome, d’un drôle d’animal, sauvage et policé, qui s’attache sans se lier.
Mais, ce que j’aime chez elle, c’est justement qu’elle soit cette féline beauté, fascinante et indomptable, qui m’envoûte sans que je puisse lui résister, heureux de lui témoigner mon affection dès lors qu’elle réapparaît au crépuscule…
Philippe Parrot
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Poème 88 : Ma chatte ronronneuse
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Que j’aime te regarder
Approcher à pas lents,
Confondante de grâce !
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À suivre tes yeux, dardés
Vers le lit, brinquebalant,
Tu chasses mes angoisses.
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Gracile, ton corps si beau
Ondoie comme une vague
Haute, non loin du rivage.
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D’un bond, tu pars à l’assaut,
Squattant, drôlatique drague,
Un coin près de mon visage…
* * * *
Ah ! ta robe noire éclatante,
Aux discrètes odeurs fauves,
Comme je m’en suis entiché !
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Tenu à des activités prenantes,
Cachée tout au fond de l’alcôve,
Je jalouse tes paresses affichées.
* * * *
Indolente altière sauvageonne,
Tu t’étires dans le calme du soir
Et mon âme rêveuse contemple
.
Ton animale beauté. Rayonne,
Ma féline, ensorcelante à voir !
Lorsque tu t’ébats ainsi, ample
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Oscillation, tes membres déliés
Remplissent l’espace de tes rets
Et je deviens tel ton prisonnier.
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Émerveillé, à tes charmes rallié,
Je te caresse le dos au plus près,
De ton cou à tes reins. Casanier,
.
Emporté par le plaisir de glisser
Mes mains sur toi, soyeuse chair
Au toucher, je m’émeus et frémis.
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Leste, dans une gestuelle policée,
Tu pivotes pour exhiber ton cher
Ventre, caché néanmoins à demi.
* * * *
Et langoureuse chatte, avec ardeur
Tu démarres ton ronron à ton aise,
Frissonnante d’émoi, pleine de vie.
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Pareil à l’enfant, bercé sur l’heure
Par une douce mélodie irlandaise,
Ta drôle de complainte m’envahit.
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Bien surprenant tempo, hypnotique,
Jouissif et régulier, vibrant et étouffé,
Il trahit la nature, d’abandon en bloc,
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D’une hôte comblée de s’offrir, unique
Souple et véloce. À tes rythmes, greffé,
Qu’enfante ta gorge, fluette ventriloque,
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À tes sons, pendu, lascive musicienne,
À tes bruits, attaché, joueuse invétérée,
Je crois, alors, voir l’avatar d’une déesse
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Heureuse de me chanter une antienne.
Au refrain fredonné, charmeur et libéré,
Où puiser de quoi oublier ma vieillesse !
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Poème écrit par Philippe Parrot
Commencé le mercredi 15 avril 2015
Et terminé le samedi 18 avril 2015
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