Alfons MUCHA est né à Ivancice, le 24 juillet 1860, dans le Sud de la Moravie, aujourd’hui intégrée à la République Tchèque. Très tôt, il se met à dessiner. Hélas, très peu de ses croquis de jeunesse ont été conservés.
1/ Ses années de formation :
Après avoir obtenu en 1871 une place de choriste dans la capitale morave, Brno, il revient en 1875 dans sa vie natale où il réalise, parallèlement à son travail de greffier, des travaux de décoration. En 1879, il part pour Vienne, embauché par la plus grande entreprise de décors de théâtre. Congédié en 1881 à la suite d’un incendie, il revient en Moravie et se lance dans des aménagements intérieurs et des portraits. Puis, en 1885, il part poursuivre ses études artistiques à Munich, parrainé par le comte Karl Khuen de Mikulov dont il avait décoré le château Hrusovany Emmahof.
2/ Son séjour à Paris :
MUCHA arrive Paris en 1887 où il s’inscrit à l’Académie Julian puis à l’Académie Colarossi, tout en réalisant des affiches publicitaires et en illustrant livres et catalogues. En 1889, après avoir quitté ces deux académies, le soutien financier du comte cessant, il est embauché par la maison d’édition Armand Colin. MUCHA s’installe de 1890 à 1893 au-dessus d’un petit restaurant, rue de la Grande-Chaumière, dont il décorera la façade aujourd’hui disparue. En décembre 1894, il réalise l’illustration de «Gismonda», pièce jouée par Sarah Bernhardt au Théâtre de la Renaissance où il est engagé pour six ans.
3/ Son voyage aux États-Unis et le retour aux sources :
Aussitôt son mariage avec Maruska Chytilova, MUCHA s’installe aux États-Unis de 1906 à 1910. Cependant ses peintures à l’huile ne rencontrent pas le succès escompté. Il revient donc à l’affiche et à l’illustration avec, comme objectif, de peindre vingt immenses toiles pour illustrer l’histoire des Slaves. C’est l’homme d’affaires Charles R. Crane qui fournira à MUCHA l’argent nécessaire pour lui permettre de s’installer à Prague et de réaliser son «Épopée Slave», léguée à cette ville en 1928. Il y meurt le 14 juillet 1939. Son corps est jeté dans une fosse commune, l’église catholique lui refusant l’inhumation sous prétexte qu’il était franc-maçon.
4/ L’originalité de son œuvre :
Aujourd’hui, MUCHA est surtout connu pour avoir réalisé, durant son séjour à Paris, des peintures et affiches publicitaires — appartenant au style «Art Nouveau» dont il fut l’un des plus illustres représentants — où étaient magnifiées des jeunes femmes séduisantes, «aux chevelures ondoyantes, vêtues de robes néoclassiques aux drapés flottants, souvent couronnées de fleurs formant un halo au-dessus de leur tête». Son style, souvent copié, n’a jamais pu être égalé.
Philippe Parrot
Belle endormie d’Alfons MUCHA
* * * *
Poème 90 : Ma belle endormie
.
À l’horizon de ma route,
Chaotique et sinueuse,
J’aperçois,
Dans les épaisses ténèbres
De mes nuits d’insomniaque,
Les trous
Noirs de fenêtres arrachées,
Ouvertes sur le Néant,
D’un palais dévasté…
.
Par des portes défoncées,
Forcées à coups de bélier, maints
Courants d’air,
Venus tout droit du Nord,
Ont porté ma carcasse usée.
Ou étaient-ce,
Sur le dos d’un vieux rapace,
Les battements de ses ailes,
Fendant les froidures d’hiver ?
.
Où t’es-tu donc cachée,
Reine au visage céleste ?
Tu nargues
Le Temps plombé de souvenirs
D’où sourdent mes soupirs ?
Sur quel lit,
Au fond de quelle alcôve,
Sous quelles gazes ou tentures,
Gis-tu, dans le silence ?
* * * *
Dans le puits insondable
De mes regrets poignants
J’ai chuté,
Effrayé, les yeux exorbités,
Les membres écartelés, sûr
Qu’au fond
D’abysses jonchées de morts,
Ma raison enfin anéantie,
Je te retrouverais !
.
Mais tu t’étais échappée !
Où que tu sois, tends-moi
Une bouée,
Gonflée de bel éther divin,
Et une corde à nœuds tissée par…
Le Diable !
Ainsi, je m’extirperai d’un coup
De rein de ce cloaque putride,
Aux boues trop mortifères !
.
Dans le dédale vertigineux
De sombres couloirs, aux échos
Angoissants,
Totalement perdu dans le noir,
J’ai brandi une torche et vu,
Évanescente,
Ton aura. Ombre impalpable,
Elle me guidait, bienveillante,
Tout au long de mes pas.
.
Dans ce décor d’Outre-tombe,
De catacombes où s’empilent
Des crânes,
Pousseurs de cris d’orfraie
À glacer le sang, toi, belle endormie,
En déshabillé
Blanc, ignore pour ton salut
Ces squelettes encombrants,
Gardiens de mon sommeil !
.
Chacune de mes pensées
S’incarne en un cri déchirant.
Il résonne
Dans la bâtisse ouverte à tous les vents.
Mais tu ne m’entends pas. À ton oreille,
Inaudibles,
Mes appels, emplis de désespoir,
Te réclament, voulant encore
Croire en un miracle possible.
.
Car, bien que tu sembles gisante,
Recouverte à demi d’un linceul,
Immobile,
Je t’entends respirer, dans l’attente
D’une étreinte, veillée par deux démons
Pétrifiés.
Résonnant tendrement dans ta chambre,
Ma voix pourrait-elle devenir bientôt
La voie de nos cœurs esseulés ?
* * * *
De ma bouche, comme je voudrais
Que s’échappât…
Un envol de blanches colombes !
Qu’apparût…
Un bouquet de roses orchidées !
Que se tissât…
Un ruban de vives lumières !
Que déferlât…
Une cascade d’eau de jouvence !
.
Car, toutes ces merveilles,
Surgies du fond de l’être,
Seraient
La clef de la porte secrète,
Jadis par un sort fermée
À jamais,
De nos bonheurs futurs. Alors,
Je ne songerais plus qu’à poser
Mes lèvres sur les tiennes…
* * * *
Plus je m’approche
De ton corps tentateur, plus
Je désire
À chaque seconde, te frôler ;
À chaque instant, te toucher ;
Sur l’heure,
Te posséder ! Malgré la vie
Qui passe, inexorablement,
Mon amour demeure…
Dans mes noirs désirs
Se consume une folle
Passion.
Alors, à l’entrée de ton antre,
Si, tout tremblant, à tes pieds
Je me jette
Et que tu te réveilles à mon baiser,
M’ayant oublié à cause du maléfice,
Voudras-tu néanmoins… me garder ?
.
Poème écrit par Philippe Parrot
Commencé le mercredi 22 avril 2015
Et terminé le samedi 25 avril 2015
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