Rêver est un salvateur subterfuge qui permet d’échapper à la réalité, en l’imaginant sous un angle plus engageant. À embellir notre existence de manière fantasmatique, à laisser entrevoir d’autres possibles qu’un morne quotidien plutôt subi que choisi, chacun trouve dans ses chimères, habituellement distillées à dose homéopathique, l’opium qui lui donne la force d’assumer bon gré mal gré les responsabilités familiales et professionnelles qui sont les siennes.

Mais que, pour diverses raisons, les rêves se substituent entièrement à la réalité, qu’ils en arrivent à primer en permanence sur le réel et ses enjeux, voilà le rêveur qui s’isole dans sa tour d’ivoire au point de se couper irrémédiablement du monde et de se retrouver seul face à lui-même. Qu’il soit vigilant car, à ce petit jeu, il entrebâille sans le savoir les portes de la déraison, plus précisément les portes des services psychiatriques censés gérer la « folie ».

Philippe Parrot

Sai Sankoh

Photo de Sai Sankoh, trouvée sur Internet.

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Poème 96 : Robe d’organza

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Dans le flux tumultueux de mes rêves

Je vois toujours votre visage sans trêve.

Il alimente mes visions d’une marine sève,

Issues de tempêtes qui jamais ne s’achèvent.

De vagues en souvenirs, déferlantes sur la grève,

Mon esprit en rade craint que la mer ne me l’enlève !

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Vos grands yeux, à m’observer, crient victoire

De pénétrer mon âme éperdue qui veut croire

En votre cœur, chahuté un beau jour de se voir

Dans le reflet de mon regard pareil à un miroir.

Vous flâniez en robe d’organza, dans un square,

Tandis que, sur un banc, je fuyais mes déboires.

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Tant d’années passées, enfermé dans ma tour,

À ne jamais concevoir que puisse se lever ce jour

Où viendrait enfin, entre vos bras câlins, mon tour

De tuer mes vaines chimères, m’incitant sans détour

À plus aimer « aimer » qu’à vouloir vivre un bel amour

Et à finir, amer et seul, par égrener le compte à rebours !

*      *      *      *

Alors, à nous être reconnus, nous partîmes en quête d’un toit

Pour satisfaire nos chairs, nos esprits et les lubies de leur choix.

Nous le savions, elles embraseraient nos corps tremblants d’émoi.

Tous deux pressés de renoncer à nos illusions, rarement de bon aloi,

Nous voulions construire notre propre histoire et la vivre dans la joie,

Convaincus sans le dire de partager une même passion portée par la foi.

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fichier pdf P 96 – Robe d’organza

Poème écrit par Philippe Parrot

Commencé le dimanche 17 mai 2015 

Et terminé le lundi 18 mai 2015

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