À l’aube de la vieillesse, pour peu que les choix de vie opérés — aussi douloureux soient-ils par les renoncements qu’ils impliquent — aident l’esprit à prendre assez de hauteur pour trouver dans notre passé, notre présent et notre avenir suffisamment d’éléments constitutifs de l’idée que nous nous faisons de notre bonheur et de notre destin, alors, à avoir vécu ce que l’on vécut, à vivre ce que l’on vit et à imaginer ce que l’on pourrait encore partager, voilà qu’une indéfinissable paix intérieure nous gagne, nous mettant en posture d’accepter les vicissitudes de la vie : le lent et inexorable naufrage du corps, l’insidieuse et irréversible perdition de l’esprit.
Et c’est ainsi — dans cet état d’acceptation des choses telles qu’elles furent, sont et seront — que croît tout à coup en nous le sentiment d’atteindre cette juste distance entre le monde et soi, en somme, cette bienheureuse plénitude de l’être qui, en apaisant nos sens et en libérant notre âme, justifie pleinement une vie.
Philippe Parrot
Photo trouvée sur internet – Auteur non identifié
Bob Dylan – Knocking on Heavens door
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Poème 100 : Au fil du Temps.
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Ô mon enfance ravie par le vent
Que je ressens sans le voir se levant !
Perçois-tu, se glissant dans les éclatants
Cheveux de ma mère, ondoyant casque d’or,
Les douces et légères brises de printemps,
En un parfait et indéfectible accord,
Se soucier de prendre le temps
De m’apaiser pourtant ?
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Ô ma jeunesse volée par le vent
Que je ressens sans le voir se levant !
Perçois-tu, chatoyant dans les reflets entés
Sur les yeux des lycéennes à la svelte silhouette,
Les incandescents rayons du soleil de l’été
Où s’embrasent les vives amourettes,
Se soucier de prendre le temps
De m’apaiser pourtant ?
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Ô maturité chassée par le vent
Que je ressens sans le voir se levant !
Perçois-tu, bien que ma pensée s’en étonne,
Sur mes actions d’hier aux dévastateurs effets
Les froides gouttes des pluies d’automne
Chues sur mon cœur amer et défait,
Se soucier de prendre le temps
De m’apaiser pourtant ?
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Ô vieillesse venue avec le vent
Que je ressens sans le voir se levant !
Perçois-tu, près de mon âme recluse et nue,
À cette heure avancée lasse de jouer les figurines,
Les ténèbres des nuits de l’hiver, malvenues,
Conquérantes de ma malingre poitrine,
Se soucier de prendre le temps
De m’apaiser pourtant ?
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Ô sénilité bientôt là grâce au vent
Que je ressens sans le voir se levant !
Perçois-tu, dans la débâcle de ma raison
D’homme ayant porté ses passions à leur faîte,
Les irréversibles différences des saisons,
À cesser de jouer les trouble-fêtes,
Se soucier de prendre le temps
De m’apaiser pourtant ?
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Ô mort programmée par le vent
Que je ressens sans le voir se levant !
Sais-tu que tu demeures par ton étrangeté
La marque des Dieux, triste sort reçu d’eux ?
Ils nous ramènent dans leur monde, avec doigté,
Malgré leur agaçant lourd silence, heureux de
Se soucier dans l’éternité d’avoir le temps
De nous épanouir. Tant et tant…
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Poème écrit par Philippe Parrot
Commencé le samedi 13 juin 2015
Et terminé le lundi 15 juin 2015
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