Qu’il s’agisse d’un mari ou d’un amant, nul ne le saura jamais. Qu’importe ! Retranchée dans sa chambre, protégée par les gazes suspendues à son lit à baldaquin, elle se plaît à dormir là, dans son antre, convaincue que personne ne viendra jamais troubler ses désirs et ses rêves. Car, chatte jusqu’au bout des ongles, gracieuse dans ses mouvements, provocante dans sa nudité, elle aime chaque matin s’éveiller au rythme des émois de son propre corps. Alors, tout en songeant à cet homme, aimé mais disparu, à se convaincre que sa main est la sienne, elle glisse ses doigts entre ses cuisses, ferme les yeux et s’abandonne au plaisir, sans pudeur et regret, ravie de retrouver dans cette intimité, jadis partagée, les émotions qu’elle vécut avec lui, à jamais gravées dans sa mémoire et si journellement nourricières…

Philippe Parrot

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Poème 115 : Plaisirs de femme

.

Dans la fraîcheur de l’aurore

Laiteuse et incertaine ; dans

La lumière fugace du matin,

Diaphane comme mon teint,

Je m’offre avec nonchalance

Et joue, nue, dans le silence,

À la chatte au lit t’attendant.

Féline, je m’étire sur le bord.

.

À penser au temps complice

De tes doigts sur mon pubis,

Je sens que sourd mon désir

De goûter au solitaire plaisir,

Dans la torpeur bienfaisante

De ma chambre accueillante.

Mes mains entre mes cuisses,

Je vais et je viens avec délice.

.

Emportée par mon animale

Fougue, je geins et me roule

Et me pâme, femme lascive,

Toute chavirée, l’âme vive…

Esseulée, à l’aube de ce jour

Je t’imagine comme toujours

Là, à mes côtés, libre et cool,

Excitée par ton regard mâle.

.

Dans mon ventre surviennent

D’obscurs émois. Ô langueurs

Incertaines et subtiles envies !

Haletante, je me figure ton vit,

Turgescent et ardent, se glisser

Dans mes entrailles… tapissées

À chaque fois de mes humeurs.

Et je jouis à me figurer tienne…

.

Te rêver tout contre moi attise

Un trouble qui brûle ma chair,

Embrase mes sens. Être aimée

Par un être invisible, affamée,

Atténue mes blessures cachées

Comme mes espoirs gâchées…

Je me régale de notre bref cher

Passé, à ma mémoire friandise.

.

Sous mes paupières closes, vers

Mon jardin secret au pas je vais.

Tu n’y entreras plus, aujourd’hui

À moi seule réservé. Là où je fuis,

J’y cultive ces graines de bonheur

Que tu semas, jadis, en mon cœur.

Elles croissent sur une haute levée

De terre où repose ton bel univers.

.

fichier pdf P 115 – Plaisirs de femme

Poème écrit par Philippe Parrot

Commencé le vendredi 14 août 2015,

Terminé le dimanche 16 août 2015

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