Hommage à un humaniste ! Khaled al-Assaad est né en 1932 à Tadmor, en Syrie. Après avoir suivi les cours de l’université de Damas et obtenu un diplôme d’histoire, il est nommé Directeur des Antiquités et des Musées de Palmyre en 1963, fonction qu’il exercera jusqu’à sa retraite en 2003.
Archéologue de grand renom, il voua toute son existence à la restauration de Palmyre, organisant de nombreuses fouilles qui permirent notamment de mettre au jour un cimetière byzantin dans un jardin du musée de la ville. En 2001, il exhuma des centaines de pièces en argent du VIIe siècle à l’image des rois Khosro Ier et Khosro II de la dynastie Sassanides qui régna sur la Perse. En 2003, en collaboration avec une équipe polonaise, il découvrit une mosaïque du IIIe siècle qui dépeint la lutte entre un humain et un animal ailé. Mais le couronnement de sa carrière reste sans conteste l’inscription de Palmyre sur la liste du Patrimoine Mondial de l’Humanité, établie par l’Unesco.
Refusant de quitter la ville malgré la guerre, il est arrêté début août 2015 par le groupe État Islamique, torturé puis décapité le 18 août 2015, à l’âge de 82 ans, accusé d’avoir collaboré avec des « Infidèles » et d’avoir veillé à la conservation des « Idoles ».
Philippe Parrot (source Wikipédia)
Khaled al-Assaad (1932/2015)
Ruines du temple de Baalshamin, à Palmyre, détruit par Daech durant l’été 2015.
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Poème 121 : Il était une fois Palmyre
.
Dans l’âcre
Odeur
Des poudres expiatoires ;
Dans l’épaisse
Poussière
Des nuages vengeurs,
Les yeux rougis,
La gorge irritée,
Le faciès déformé
Par d’odieux ricanements,
Bêtes et jubilatoires,
Ils renient leur histoire
À grands coups
D’explosions,
Ravageuses et pensées.
Bâtons de dynamite,
Destructeurs de culture,
Esquisses dans les cieux,
Trop sinistre arc-en-ciel,
De funestes présages :
Guerres et conquêtes,
Viols et pillages !
.
Voilà donc
Qu’à Palmyre,
Antique cité romaine,
Agréable oasis
Au cœur du désert,
L’auguste temple
De Baalshamin
A vu se déployer
Au-dessus de ses pierres,
Et colonnes encore debout,
Les ailes effrayantes
Des Anges des Ténèbres,
Assombrissant l’horizon
De leur dévastatrice vision,
Imposant, par la force
Et l’outrage, leur croyance,
Obscurantiste et mortifère.
Ô magnifiques vestiges
D’un empire disparu,
Héritage commun,
Maudit soit l’envol
De ces êtres déchus !
.
Pitoyables augures,
Ils annoncent,
Tapageurs et ignares,
Les méfaits d’autres sbires,
Flanqués
De couteaux, de fusils,
De bombes et de grenades,
Égorgeurs patentés
D’un vieillard humaniste
Décapité. De sang-froid !
À deviner leur cœur
Enflammé par la haine…
À craindre leur esprit
Obsédé par la gloire
De leur dieu vénéré…
À remarquer leur bras
Brandi vers le ciel…
À fixer dans leur main
Leur fatal poignard…
On les sent prêts à tout,
Fiers de massacrer et de tuer
Puis de se sacrifier.
* * * *
Pareils à des gorgones,
Serpents sur la tête,
Regard pétrifiant,
Semeurs de terreur,
Ils exterminent par conviction
Mais aussi par plaisir,
En abjects bourreaux.
Ils horrifient nos âmes
Et nous font frissonner,
Des pieds à la tête.
Derrière les arguties
De leur pensée sectaire,
Bannissant le passé condamnant
Le sexe, ils cachent
Une quête effrénée
De pouvoir absolu,
D’odieuse dictature
Pour laquelle ils détruisent,
Soumettent et exécutent,
Laissant sur leur passage
Des membres mutilés, des hommes
Torturés, des femmes lapidées…
* * * *
Tous ces visages tourmentés
D’innocents arrêtés,
D’enfants embrigadés,
D’épouses conspuées
Tous à hurler leur désespoir
Et supplier à genoux
Qu’on les laisse encore vivre,
Comment peuvent-ils
Toujours les regarder
Impassibles, avilis de la sorte
Au nom d’un prophète justicier,
Ordonnateur du chaos ?
Et ces assassinats
Et tous ces meurtres ;
Et ces massacres
Et tous ces infâmes charniers
En vue d’un monde meilleur,
Comment peuvent-ils donc
Sans cesse s’en réjouir ?
À ce point aveuglés et cruels
Qu’ils ne peuvent se dire « homme »
Qu’en répandant du sang humain !
.
P 121 – Il était une fois Palmyre
Poème écrit par Philippe Parrot
Commencé le vendredi 4 septembre 2015
Et terminé le dimanche 6 septembre 2015
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Ce texte poétique fut écrit en hommage à Khaled al-Assaad, Directeur des Antiquités Syriennes, assassiné le 18 août 2015, à 82 ans, par Daech.
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