Tétanisés par la crise économique, accrochés à nos éternels acquis sociaux, cramponnés à notre si précieux mode de vie consumériste, englués dans nos querelles partisanes dignes de « Clochemerle », oui, voir arriver en masse des migrants fuyant la barbarie au terme d’inhumains périples, nous dérange. Nous pressentons en effet que ce serait sans nul doute renoncer à quelques-uns de nos privilèges que de les voir s’installer sur notre territoire.

Avant Aylan, des milliers d’enfants, de femmes et d’hommes sont morts lors de ces voyages cauchemardesques sans que nous nous en offusquions. Ne nous leurrons pas ! Après lui, la vague d’émotions passée, beaucoup d’autres mourront encore avant que les États européens et leur peuple ne s’engagent dans une vraie politique de maîtrise de ces flux migratoires. Enjeu de notre siècle, ils perdureront de toute évidence pendant des décennies, quelles qu’en soient les raisons politique, économique, démographique, voire climatique…

Sur notre continent, un début de commencement de solution passe par la mise en place d’une Europe Fédérale, dotée d’un pouvoir central démocratiquement élu, qui pourrait ainsi imposer aux vieux États-nations, obsolètes, rétrogrades et frileux, les mesures nécessaires afin d’accueillir ces populations qui seraient alors réparties entre nos différents pays en fonction de leur nombre d’habitants, de leur puissance économique et de leur niveau d’organisation. Vu l’enlisement de ce grand projet européen, ce n’est donc pas demain que nous jetterons les bases d’une politique d’accueil, humaine et réfléchie…

Alors, d’ici-là, chaque homme politique soucieux de défendre au mieux son pré carré agira en fonction des prochaines échéances électorales : à l’émotion et au coup par coup…

Philippe Parrot

Aylan Kurdi 1

*      *      *      *

Poème 122 : Aylan

 

Un jour ou l’autre, à quelque heure qu’il soit,

Nostalgiques de ce qui fut votre « chez soi »,

Quand vous reviendrez nous voir, de passage,

Moi, votre père attendri, prêt pour le Voyage,

Je vous enlacerai fort dans mes bras, très ému,

Et plus longtemps que d’habitude, mes fils ! Mû

Par un émoi, je penserai à ce garçon de trois ans,

Échoué sur une plage, père, mère et frère voguant

En vain vers un pays de liberté, tolérant et laïque.

Hélas, leur rêve s’est brisé de manière si tragique :

Aylan s’est noyé, privé brutalement de cette chance

De vivre dans un pays en paix, « votre » expérience.

.

Ce bambin immobile, allongé sur la grève, le visage

De côté, face à la mer, on dirait un enfant bien sage

Endormi… Mer, berce-le tendrement et prends soin

De son âme ! De petits bonheurs il n’en vécut point.

Effrayé, prostré, cassé par trop de drames endurés,

Tu l’as libéré d’un monde complètement défiguré…

Que cette fatale sieste lui soit douce ! Elle l’exonère

Enfin des pesantes charges qu’il porta sur la Terre,

Seul à ne pas voir dans le bleu de son short l’espoir

Mais dans le rouge du pull que sangs et déboires…

Aimantes écumes… À caresser ses paupières closes,

Soyez ce linceul déposé par la vague pour sa cause !

.

Car son sommeil, fin d’un tragique périple, a réveillé

Nos esprits et nos cœurs jusqu’alors si mal conseillés

Par notre désir de jouir du confort en sales égoïstes…

Racornies et stériles, nos consciences guère altruistes,

Par trop de privilèges d’occidentaux nantis, aveuglées,

Ont frémi tout à coup, prises d’un remords à épingler.

Aussi, pour qu’un tel sacrifice ne demeure point vain,

Tâchons que ton immolation, funeste sort inhumain,

Nous invite à donner, tardive offrande, aux candides

Mômes empruntant tes pas un destin moins sordide.

Unis, recevons-les sans craindre qu’ils nous spolient !

Et vous embrassant, je penserai à Aylan qui nous lie…

 .

fichier pdfP 122 - Aylan

Poème écrit par Philippe Parrot

Commencé le mardi 8 septembre 2015

Et terminé le vendredi 11 septembre 2015

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