Sur un coup de tête, tout à fait conscientes que cette journée resterait à jamais gravée dans leur mémoire, elles avaient décidé, aussitôt le déjeuner terminé, de passer l’après-midi ensemble, au bord de la mer, comme elles l’avaient fait si souvent au cours de ces dernières années…
Allongées sur le sable, face à l’océan, elles avaient à cette heure l’étrange sentiment que la plage leur appartenait. En effet, les touristes étaient partis en ce mois de septembre et les autochtones, encore au travail, étaient rares. Alors, côte à côte, impressionnées par la solennité du moment, elles n’osaient se parler de peur de briser leur silencieuse complicité quand la plus jeune avait soudain pris la main de la plus âgée, la serrant fort pour lui faire comprendre combien elle l’aimait, touchée par l’inconditionnelle affection qu’elle lui avait toujours prodiguée.
Car c’est justement parce qu’elle lui avait donné tant d’amour, malgré les difficultés de sa propre existence, qu’elle avait acquis cette assurance qui lui permettait aujourd’hui d’entreprendre ce qu’elle s’apprêtait à faire ce soir. En cela, elle lui en serait à jamais redevable…
Philippe Parrot
Croisière inaugurale du paquebot « France » en 1962
* * * *
Poème 125 : Femmes sur la plage
.
Là, sur une plage infinie,
Deux femmes en bikini,
Côte à côte sur le sable,
Discutent l’air affable,
Se tenant par la main.
L’une croit en demain,
Enthousiaste et volubile,
Fière de son corps gracile.
L’autre vit au jour le jour,
Sans espérer leur retour,
Mature et bien en chair
Dans sa beauté solaire.
.
L’une attend de l’avenir
Des promesses à tenir ;
L’autre, de son passé,
Par pleines brassées,
De chers souvenirs
Auxquels se retenir.
Au fond de leurs yeux,
En amande et lumineux,
Brille cette vive affection,
Moteur de maintes actions,
Durant de longues années
Orchestrées par l’aînée.
.
Leur corps presque nu
Se livre sans retenue
Aux ardeurs du soleil,
Toutes les deux en éveil.
Leur mollesse, touchante,
Les rapproche ; clairvoyante
Leur langueur se mélange.
À se sentir dans l’échange,
Leur cœur fort palpite.
Soudain, touchant rite
Coutumier, de concert,
Leurs doigts se serrent.
.
En effet, elles savent, hélas,
Enfermées dans la nasse
De ce cruel Temps
Qui donne, prend
Qu’au couchant
Vif et rougeoyant,
Un lointain horizon,
Choisi non sans raison,
Obligera, enfin, au départ
La plus jeune, pressée. Car,
Là-bas, un navire l’attend,
Appels à un « Va-t’en ! »
.
Alors, ce soir,
Remplie d’espoir,
Au vent léger, sourd
Au regret de leur amour,
Elle quittera son enfance,
Avec plaisir et assurance.
Abandonnant à ses rêves
Seule sur l’étroite grève,
Ce coin perdu de terre,
Sa mère célibataire.
Abattue, l’heure-là,
Que sa fille s’en alla.
.
Poème écrit par Philippe Parrot
Commencé le samedi 19 septembre 2015,
Terminé le dimanche 20 septembre 2015
Et modifié le mardi 23 avril 2019.
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