Socrate (470-399 av. J.-C.) avait son « daïmôn », cette voix intérieure qui l’enjoignait de s’engager dans telle direction plutôt que dans telle autre, alors que son esprit l’en dissuadait de prime abord. Démoniaque ou non, divine ou non, cette voix le hantait, en permanence tapie au tréfonds de sa conscience, attendant à chaque fois son heure pour se manifester.
Il en est de même de l’artiste avec sa muse. Qu’elle soit une femme de chair ou de rêve, installée dans son cœur et son esprit sans qu’il puisse inexplicablement la chasser, elle guide sa plume, hante ses pensées, nourrit ses sentiments et apaise son être. Présente ou non, personne ou chimère, elle est cette beauté de l’âme et du corps sans laquelle l’artiste ne peut exister et produire.
Aussi, lui en est-il éternellement reconnaissant d’être Celle qui fait de lui ce qu’il est…
Philippe Parrot
Le poète et sa muse – Auteur non identifié
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Poème 134 : À la poursuite d’une ombre
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Bien qu’il n’y ait guère
De soleil dans son aire
De vieux loup solitaire
Enraciné sur ces terres
Où, jadis, belle affaire,
Il croisa durant l’hiver
.
La Femme-de-ses-rêves
Dispensatrice des sèves
De son beau corps d’Ève
Livré au désir sans trêve,
Sa chair nue sur la grève,
À chaque aube trop brève,
.
Aujourd’hui qu’il a pris
Pour se nourrir l’esprit,
Loin des savoirs appris,
Un chemin d’incompris,
Fier sage toujours épris,
Il devra en payer le prix.
* * * *
Elle qu’il a, hélas, chassée,
Par d’autres bras enlacée ;
À cette heure, lui, terrassé
D’être privé de l’embrasser,
Erre, blessé, dans les lacets
De cauchemars d’angoissé.
.
À n’être plus qu’une ombre
Bien réel dans la pénombre
De son cœur las, il sombre…
Ses appels qu’elle dénombre
Au milieu de ces décombres,
La nomment sans encombre.
.
Mutine, à suivre chaque jour
Ses vifs remords sans détour,
D’avoir été laissée, en retour
Elle sourit à lui jouer ce tour
De rester dans les alentours,
Muse aux prégnants atours…
.
Elle court, preste, devant lui,
Belles enjambées sans bruit,
Qu’à la désirer… il se détruit,
N’attendant plus que la nuit,
Pour ses seins, tels des fruits,
En rêver, oublieux de l’ennui.
* * * *
Quelles étranges épousailles !
Elles laissent dans la grisaille
Voir une traîne, belle pagaille,
Inconcevables noces où, vaille
Que vaille, noires représailles,
Se blesse son âme à la cisaille.
.
Il suit tant cette ombre, perdu,
À bonne distance dans les rues,
Qu’à darder sur elle un œil cru,
Brûlant délire où il la fixe, nue,
Lui-même inexistant n’est plus
Qu’un fantôme dans les Nues…
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P 134 – A la poursuite d’une ombre
Poème écrit par Philippe Parrot
Commencé le mercredi 28 octobre 2015
Et terminé le vendredi 30 octobre 2015
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