Il y a tout juste une semaine maintenant, des terroristes pénétraient à l’intérieur du Bataclan, salle de spectacle parisienne, où se déroulait un concert. Plus de 1 000 personnes se pressaient là — jeunes trentenaires pour la plupart — désireuses de trouver dans un florilège de décibels et de chansons, de guitares et d’émotions de quoi se défouler un « bon coup », le temps d’une soirée. Hélas, ce qui ne devait être qu’une mémorable partie de plaisir vira au drame. Les djihadistes lourdement armés firent feu, tuant plus de quatre vingt spectateurs.
Effaré par la sauvagerie de cette « opération », j’ai souhaité témoigner de ma consternation. Le poème qui suit est ainsi une manière de rendre hommage à tous ces inconnus dans la force de l’âge qui étaient censés avoir devant eux une longue existence et qui en furent ignominieusement privés par des hommes aveuglés par de mortifères convictions…
1124/ Le 14/11/2015 : Balles au Bataclan : Même le plus cruel des carnassiers n’est jamais aussi sanguinaire et impitoyable que le moins sadique des hommes car l’animal tue uniquement pour se nourrir quand l’autre tue froidement pour se satisfaire, par conviction désespoir ou plaisir. L’homme est décidément moins qu’une bête tant il est plus qu’un monstre !
Philippe Parrot
La salle du Bataclan où se déroula le drame.
Hommage du Chef de l’État aux 130 victimes des attentats du 13 novembre 2015.
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Poème 137 : Balles au Bataclan
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Ces bruits on dirait des pétards
Au fond de la poche des fêtards
Qu’ils jettent rieurs dans la salle
Lors d’une frileuse soirée de bal
Pour faire trembler les danseurs
Et se rapprocher enfin les cœurs.
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Aux crépitements secs et soudains
Entendus dans le concert en train,
Ton corps, tout en sueur, tressaillit
Au point qu’à tes côtés, vif, je faillis
Te serrer, par amour, dans mes bras
Comme chaque nuit sous nos draps.
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Oh oui ! Que j’aurais dû donc le faire
Bloqué dans ce qui devenait l’enfer…
Salves terrifiantes tirées sans à-coup,
Des balles envahissaient l’air partout
Lorsque des cris d’épouvante, de bête
À l’agonie, nous firent perdre la tête…
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Aux mouvements brusques de la foule,
Puissants et violents comme une houle,
En panique, se terrant dans les recoins,
Sidérée par la même peur en tout point,
Je vis soudain dans ton effrayant regard
Cette vision de la mort brute et sans fard.
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Sur scène régnait un indescriptible chaos,
D’hommes armés à faire froid dans le dos.
Ils tiraient, exultant de disperser les rangs
De ces jeunes gens, tous devenus déments.
Gagnés par une terreur viscérale et brutale,
Ils se bousculaient au beau milieu des râles.
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J’étais si près de toi qu’avant de comprendre,
J’étais tout contre toi qu’avant de te défendre,
Je vis subitement ta beauté fauchée s’effondrer
Sur le sol, ton pull blanc taché de sang. Malgré
L’effroi face au carnage à tes genoux je tombais
Pour m’approcher, le visage effaré, bouche bée.
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J’allais t’emporter loin vers les premiers secours
Lorsque, levant la tête, cette noire folie en cours
Au parterre, si meurtrière, je la vis terrifié, parée
D’un bien sinistre atour : un tueur, agile et carré.
Il s’approchait de nous, criant « Allah akbar ! »,
Serrant dans sa main droite le boîtier du Départ.
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À voir, attachée à son ventre une série d’explosifs,
J’ai compris qu’il allait, instant de nos vies décisif,
Presser bientôt sur le bouton et se faire exploser…
Alors, te plaquant à ma poitrine palpitante, j’ai osé
Embrasser tes lèvres — tes grands yeux terrifiés —
Ressentant nos deux fins imminentes nous glacer…
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Oh ! fixe-moi en ce soir
Que je sois ton miroir !
Parle-moi de vive voix
Que j’accepte ma voie !
Prends ma douce main
Que je te fasse un câlin !
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C’est alors qu’il hurla, plein de rage : Regardez-moi !
Les jambes écartées, ancré, le bras brandi sans émoi,
Trahi par des rires sardoniques, il me fit frissonner…
Refusant d’obéir à ce diable, immobile sur toi, sonné,
J’ai attendu dans un baiser qu’il presse la commande,
Ému qu’à l’amour, nos âmes se donnent en offrande…
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Poème 137 – Balles au Bataclan
Avertissement : Ce texte pourrait heurter des personnes sensibles.
Poème écrit par Philippe Parrot
Commencé le mardi 17 novembre 2015
Et terminé le vendredi 20 novembre 2015
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Poème 139 : A Lola, nos tendres pensées – 271115
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