À l’inverse de la touche d’érotisme, délicate et légère, qui se dégage toujours des fêtes galantes peintes par Antoine Watteau, ici, dans ce tableau, loin de toute prévenance et de toute retenue, il peint le désir dans ce qu’il a d’animal, voire de bestial, dégageant une ravageuse sensualité qui peut mettre mal à l’aise.
En effet, en différenciant — dans un cadre champêtre à peine perceptible qui focalise le regard sur les deux personnages — un premier plan lumineux qui tire son éclat de la blancheur virginale du corps nu d’une jeune femme endormie, pleine d’abandon, et un arrière-plan sombre que soulignent une mâle peau cuivrée, des membres musculeux, une chevelure abondante, un visage hirsute et un regard de braise, Antoine Watteau oppose la candeur à la turpitude, la beauté à la laideur, la délicatesse à la force, la douceur à la violence, bref la Belle à la Bête.
Cependant, s’il se dégage de cette scène troublante qui laisse craindre le pire, à la fois une grande sérénité dans ce corps féminin qui s’offre et une ténébreuse énergie dans cet être démoniaque qui se tapit, le peintre a le génie de s’en tenir là et de laisser à chacun le soin d’imaginer ou non une suite à cette rencontre, sachant que l’existence est tellement imprévisible qu’elle peut parfois prendre des formes que nous n’aurions pu imaginer…
Philippe Parrot
Le satyre et la nymphe – Tableau d’Antoine Watteau (1684/1721)
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Poème 143 : Satyre et nymphe
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Afin de brider mon mâle être, tel un breuvage létal
Que les dieux m’obligeraient à boire pour tuer mes désirs
Et noyer mes passions, à devoir renoncer aux charnels plaisirs,
Je hais de voir, dans le monde céleste, la raison triompher, fatale.
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Satyre dispensé d’avoir à se justifier, j’ai toujours tant aimé sombrer
Dans les abysses des folies de l’amour et m’enfoncer dans ses ténèbres
Qu’éclairent d’ardentes effusions, pareilles aux brasiers divins célèbres,
Et, dans leurs flammes, me consumer avec des femmes au dos cambré.
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Ô nymphe endormie dans un bois de l’Olympe, aux formes désirables,
Tu es cet éden des sens que mes chairs escomptaient où luit un soleil :
Ton visage ; où se laissent apercevoir des rondeurs en attente d’éveil :
Tes seins ; où se cache un trésor convoité : ton sexe. Infréquentable,
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Avant qu’un autre ne veuille te posséder, au fait de ta beauté que la rumeur
Colporte ; avant que je ne disparaisse, te délivrant de mes airs bravaches,
Aussi fier qu’un guerrier prêt à partir au combat, comme dernière tâche,
Je rêve, seul, de te conquérir et de te garder jusqu’à ce que vint l’Heure.
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Ainsi, pourrais-je connaître, étourdi par le souffle de ta chaude haleine,
Grisé par la force de mes ardeurs, convaincu qu’elles nous porteront,
Ton corps soumis à ma volonté, indifférent à ce qu’ils en penseront,
Le bonheur de t’avoir, mû par le diable coulant dans mes veines.
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Poème écrit par Philippe Parrot
Commencé le lundi 7 décembre 2015
Terminé le mardi 8 décembre 2015
Et modifié le mercredi 18 septembre 2024.
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