Au départ, il s’agissait dans mon esprit de laisser libre cours à mon imagination et d’écrire un texte totalement déstructuré où, d’association d’idées en association d’idées, je ne ferais que juxtaposer des images sans aucun lien entre elles. Une sorte de parti pris d’écriture automatique libérant l’inconscient de la tutelle d’une raison trop pesante. Mais, au final et à mon grand étonnement, il s’avère que je raconte là encore une histoire, copie non conforme d’une de mes nouvelles : L’envol de Noémie…

Il y est donc question d’une femme et d’un aigle. Mais là, loin de l’embellir, il s’immisce dans son existence pour la contrarier. Voyageuse infatigable du cœur et de l’esprit, cette femme poursuit en effet une quête, tandis que, dans son sillage, fascinés par sa personne, des hommes la poursuivent de leurs assiduités. Et, à croire qu’il se serait arrogé un droit sur elle, voilà que l’aigle fond tout à coup sur cette horde de mâles pour les évincer !

Comprendra qui pourra ces absurdes divagations !

 Philippe Parrot

Divagations

Photo de Christian Couloumy

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Poème 145 : Divagations

.

Il n’y a plus assez de rage

Pour réveiller, à son âge,

Maintes blessures de son

Cœur, coureur à sa façon

Entre les blés et les cieux.

Sans racine dans les yeux,

Sans étoile en sa poitrine !

Altière voyageuse marine !

.

Emportée par ses errances

Au beau milieu du silence,

Ses amours, jamais à terre,

Insensible aux mots amers,

Elle chérit l’Éden, luxuriant,

Où résident ses amants riant

Aux baisers. Gouttes de rosée

Ils perlent, doucement dosés,

 .

De ses lèvres sucrées et roses.

Elle délie, ici-bas, les choses :

Les corps hâlés des nomades !

Ravis de manger des grenades

Sur les dunes où ils marchent,

Ils rêvent, épuisés sous l’arche

Du soleil brûlant, d’embrasser

Sa bouche tant apte à délasser.

 .

Dans un ciel impur, aux lueurs

Vespérales du soir, à l’honneur,

Ils trinquent à ses cheveux d’or,

Éblouissant don à ces mentors…

Un aigle patient surveille, cruel,

De son œil perçant leur éventuel

Fuite, impatient de plonger dans

Leur torse musclé, tueur ardent,

 .

Ses serres… Puis son bec si crochu

Dans leur âme vive, hélas, déchue.

Ô arrache le meilleur d’eux-mêmes

Sans chercher à savoir s’ils aiment !

Mais, n’aie pas peur, vaillant errant,

Et va ! Ce n’était qu’un rêve effarant.

Mais, sans lui, pourrions-nous vivre,

Privé de ces échappées qu’il délivre ?

 .

fichier pdf P 145 – Divagations

Poème écrit par Philippe Parrot

Commencé le lundi 14 décembre 2015

Et terminé le mardi 15 décembre 2015

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