À l’aube de la vieillesse, quand l’homme doit composer avec les premiers signes du déclin de son corps, le sentiment de l’urgence et de la nécessité d’aller jusqu’au bout de soi avant qu’il ne soit trop tard, s’empare de lui. Dès lors, le voilà qui s’engage dans une sorte de course contre la montre afin de mobiliser une dernière fois toutes ses forces.
Et si certains se jettent alors dans l’action, d’autres, d’un tempérament moins fougueux, peuvent souhaiter à l’inverse se retirer, bien décidés à se couper du monde, de ce monde où, confrontés journellement à d’incessants désirs, ils ne pourraient mener à bien cette réflexion susceptible de leur apporter la paix intérieure à laquelle ils aspirent.
Cependant, pour s’enfermer de la sorte, il faut être animé par « quelque chose » qui transcende et oblige, insufflant dans l’âme le courage de s’engager dans le sacrifice permanent de soi. Ce « quelque chose », certains l’appelleront « muse », d’autres « démon », d’autres encore « Esprit ». Quel qu’il soit, charnel ou non, chimérique ou non, divin ou non, c’est lui qui stimule la pensée et mobilise le corps pour que l’homme qu’il habite découvre ce qu’il y a de plus profond, de plus intime, de plus singulier en lui.
Exemplaire et douloureuse aventure, son plus grand mérite est d’éviter que ne sombrent dans l’oubli les ressentis suscités par les êtres qu’il croisa durant son existence et qui le marquèrent par la richesse de leur présence. En somme, une manière de leur rendre hommage…
Philippe Parrot
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Poème 175 : Il y a dans ma geôle
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Il y a dans ma froide geôle,
De criminel de vous aimer,
Sur le rebord de la fenêtre,
Fermée au désir de liberté,
Une délicieuse muse ailée,
Avec ses grâces féminines,
Venue un soir s’installer là.
Comment put-elle pénétrer
Dans ma cellule cadenassée,
Reléguée au bout du monde,
Quand je porte autour du cou
La seule clef sûre de l’ouvrir ?
* * * *
Il y a dans ma froide geôle,
De criminel de vous aimer,
Ses deux yeux mystérieux,
Cachés sous un loup noir…
Subjugué, les sens en émoi,
J’ai remonté le temps passé
Et ces chemins champêtres
Où nous cédions à l’amour,
Brûlés par un soleil ardent.
Sous le masque… ce regard
Pénétrant, c’était le vôtre !
Saisi, je vous ai reconnue…
* * * *
Il y a dans ma froide geôle,
De criminel de vous aimer,
Deux mains juste gantées.
Elles retiennent un miroir
Magique où une fière âme
Nue ondoie à la surface…
Comme une robe au vent.
Intrigué par leur élégance,
Quittant ma page blanche,
J’ai osé les saisir. Longues,
Fines, c’étaient les vôtres !
Ému, je les ai reconnues…
.
Il y a dans ma froide geôle,
De criminel de vous aimer,
Ces mots qu’elle murmure,
À la glace, tous inaudibles.
Sans faire le moindre bruit,
J’ai attendu qu’elle se libère
De la surface de verre, pure,
Mue par des rais de lumière.
Elle m’encercla de son aura.
Alors, je les ai tous discernés,
Rassuré. C’étaient les vôtres !
Doux, je les ai vite reconnus.
* * * *
Il y a dans ma froide geôle,
De criminel de vous aimer,
Deux cœurs si bouleversés,
Perdus dans les dédales du
Souvenir. Séparés à jamais,
Pleins de regrets et de rêves,
Ils vagabondent en solitaire,
À la frontière de leur chance
Échappée, chacun d’un côté,
Sans espoir de se retrouver !
Ces gens las, c’étaient nous !
Sûr, je les ai hélas reconnus.
.
Poème écrit par Philippe Parrot
Commencé le mercredi 20 avril 2016
Et terminé le jeudi 21 avril 2016
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