À dormir désormais à la belle étoile, là où ses pas l’avaient guidé durant le jour et là où la fatigue l’invitait soudain à faire une halte, il avait appris à supporter la dureté de cette vie d’errance où, sac au dos, il ne cessait jamais de marcher, infatigable, poursuivant par tout temps : sous les rayons du soleil, sous les orages et la pluie, sous les chutes de neige, cette obsédante quête qui le poussait à s’aventurer toujours plus loin, sans qu’il puisse savoir pourquoi. Et plus il s’éloignait, et plus il s’épuisait, et plus son corps se délabrait, et plus son âme s’élevait vers un monde éthéré qui l’appelait — il le sentait sourdement — d’une manière toujours plus pressante et fatale…
Jusqu’à cette fin d’été où, bouleversé par la grâce d’un couple d’aigles qui volait en cercles concentriques au-dessus de lui, il comprit leur message. L’heure était enfin venue de rentrer pour la retrouver.
Philippe Parrot
Photo trouvée sur internet – Auteur non identifié
Montage à partir du film « Into the wild » de Sean Penn
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Poème 178 : Partir pour revenir
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Chaque aube, t’imaginant dans tes draps,
Je repars en quête de contrées lointaines,
En guise de bagage tes lettres sous le bras,
Mon âme exaltée par ta prose souveraine.
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Je marche sur des chemins champêtres,
Sans carte ni boussole dans mon errance
Porteur d’une photo où tu ris de paraître
Au sortir de ton bain si belle d’assurance.
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Libre, mes pas me poussent à renier
Pensées et lois, contraintes et morales,
Tandis que je fredonne, loin des carabiniers,
Une chanson d’amour, aux langueurs vespérales.
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Le cœur léger, d’un coup de pied, je jette au loin
Des cailloux anguleux, placés sur mon trajet,
Avec dans ma poche, en prenant soin,
Ton rouge à lèvres, si sensuel objet.
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Je romps le silence du monde et crie
Fort, pendant que flotte dans l’autan
Une mèche de tes cheveux, sans prix,
Accrochée à mon cou pour longtemps.
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Je me couche, fatigué, dans un sous-bois,
Sur un vert parterre de mousse bienvenu,
Grisé par les odeurs de ton tricot, sur moi,
Porté sous mon pull, volé dans tes tenues.
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Au matin, dans les bras d’une rivière,
Accueillante et vive, je purifie mon corps
Et apaise mes sens, voyant dans la lumière
Ton aura bienveillante m’attendre sur le bord.
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Ce voyage sans fin, livré au seul hasard,
Me ferait découvrir combien jusqu’alors
Je ne sus que dépérir, devinant trop tard
Où mon bonheur pourrait un jour éclore.
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Pour la première fois, poussé par des vents
Enveloppants et apaisants, je comprendrais
Que ma vie n’est point ailleurs, loin devant,
Mais là d’où je viens. À tes côtés sur l’adret !
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Alors, enivré par l’Éther que j’aurais inhalé,
Mes poumons rassasiés et mes yeux éblouis
Par mes visions, je reviendrais au pays, hâlé
Et fier, vieillir et mourir à tes côtés, épanoui.
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Poème écrit par Philippe Parrot
Commencé le samedi 30 avril 2016
Et terminé le dimanche 1 mai 2016.
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