Chacun d’entre nous a besoin d’adhérer à des valeurs, seules susceptibles de transcender notre quotidien et de lui donner un sens. L’exigence de liberté est l’une d’entre elles. Mais, est-ce à dire que nous sommes réellement libres dans nos paroles comme dans nos actes et que notre conscience, à travers le libre-arbitre, peut déterminer en toute indépendance les orientations de notre existence ? À y regarder de plus près, il semble bien que non ! En effet, la liberté — en tant que pouvoir de la raison de décider de manière souveraine de telle action plutôt que de telle autre — n’existe pas.

D’abord parce-que tous les infinis possibles ne sont pas offerts à son sens critique. Tout homme naît dans un cadre social spécifique, fini et incontournable, qui lui est tout à la fois antérieur et extérieur. À ce titre, il lui impose, sans qu’il puisse s’y soustraire, une langue, une famille, un État, un mode de production, des lois et des coutumes, une culture et des idéologies, etc, etc. Confronté à ces réalités avec lesquelles il doit nécessairement composer, sa liberté se réduit ainsi à procéder à de simples arbitrages parmi les quelques options mises à sa disposition par ces structures préétablies qu’il n’a en aucun cas choisies !

Ensuite, quand bien même on se convaincrait que notre raison jouit d’une certaine autonomie — puisqu’elle peut malgré tout privilégier un objectif parmi ceux proposés par l’environnement économico-social contraignant — une fois encore, ne nous leurrons pas ! Penser que la raison décide de ses choix, seule et en toute objectivité, est une hérésie. Les arguments rationnels susceptibles de nous amener à opter pour telle direction plutôt que pour telle autre sont en fait la partie émergée de cet iceberg qu’est notre psychisme. Ce qui nous pousse réellement à prendre position, le vrai moteur de nos propos comme de nos comportements, n’est pas notre jugement rationnel mais les pulsions libidinales tapies en nous. Elles seules déterminent réellement notre devenir sans que nous sachions d’ailleurs quelle « force obscure » nous incite, à un instant T, à prendre telle décision.

La notion de liberté bien qu’elle soit une croyance nécessaire à l’affirmation de toute conscience — au point que nous ne puissions cesser de nous y raccrocher — s’avère donc une grotesque chimère. Et, sans aucun doute, la plus belle de nos illusions !

Philippe Parrot

Statue de la Liberté

Photo trouvée sur internet – Auteur non identifié

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Poème 191 : En ton nom…

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Sur un morceau de papier blanc,

Un enfant enrôlé, sans avis ou débat,

Dans une brigade prête à partir au combat,

Scribouille un mot magique, tout en tremblant.

LIBERTÉ !

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Sous l’emprise d’un mari alcoolique,

Une épouse violentée, son destin à vau-l’eau,

Toujours dans la peur, un jour, d’y laisser sa peau,

À rêver de s’affranchir de cet odieux joug, la revendique.

LIBERTÉ !

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À travailler dur avec ses coéquipiers,

Un ouvrier au trois-huit, croyant en l’avenir,

Exténué par des horaires qu’il rêverait de bannir,

S’inscrit dans un parti pour la défendre d’arrache-pied.

LIBERTÉ !

*      *      *      *

Sur une embarcation de fortune, entassés,

Des migrants en pleine mer, en quête de vie meilleure,

Démunis et atterrés, jouets consentants d’infâmes convoyeurs,

Luttent contre la mort dans l’espoir demain d’en jouir jamais assez.

LIBERTÉ !

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Dans un avion en pleine nuit, par l’État affrété,

Des dizaines de sans-papiers, du sol européen expulsés,

Poignets menottés, leur mine défaite et leur regard angoissé,

Embarquent, brisés de s’en voir, impuissants, privés par les autorités.

LIBERTÉ !

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Dans sa cellule, sans jugement condamné,

Un détenu politique jadis enlevé, à vivre enfermé,

Espérant toujours en une légitime insurrection armée,

Murmure dans le silence, anéanti par le poids des années.

LIBERTÉ !

*      *      *      *

Au milieu du bel azur infini, tant ensoleillé,

Sans avoir même songé à l’exiger, plein de vigueur,

En un long vol dans les cieux, solitaire pendant des heures,

Un aigle royal majestueux s’en soûle, ses grandes ailes déployées.

LIBERTÉ !

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Portés par les vagues de la mer, chaque soir,

Agiles et joueurs, infatigables et puissants, fonceurs,

En bande, poussés par la force de leur inextinguible ardeur

Des dauphins bondissent hors de l’eau, grisés par son pouvoir.

LIBERTÉ !

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À l’à-pic d’une haute montagne, sur les saillies de la paroi,

Une harde de mouflons brave le danger, concentrés et courageux.

Et, en une progression à pas comptés malgré un temps soudain orageux,

Face au vide glaçant, en use vaillamment au risque de la perdre maintes fois.

LIBERTÉ !

*      *      *      *

Pour le reste, n’y aurait-il que nos pensées, inviolées,

Dont nos maîtres ne pourraient nous priver, préservées ?

Dissimulées dans notre esprit, à même de toutes les conserver,

Elles seules en jouiraient-elles, par Elle nos consciences emballées ?

LIBERTÉ !

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Pour le reste, n’y aurait-il que nos rêves, insatiables,

Sur lesquels nous-mêmes n’avons aucune prise, pour la goûter ?

Eux seuls pourraient-ils démontrer que nul ne pourra jamais la bouter ?

Eux seuls seraient-ils le garant de cette prétention, à nos cœurs incroyable ?

LIBERTÉ !

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Non ! Car, dans les bras l’un de l’autre à s’aimer, ma Douce, abandonnés,

Quels que soient nos devoirs, nos contraintes, nos histoires, éperdus,

— Nos corps dans la fougue de notre brûlante passion, confondus —

Il y a Nous, ivres dans l’intimité et la volupté de la faire rayonner.

LIBERTÉ !

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fichier pdfP 191 – En ton nom…

Poème écrit par Philippe Parrot

Commencé le samedi 16 juillet 2016 et terminé le dimanche 17 juillet 2016

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