L’univers en marche n’accorde nullement l’éternité aux éléments qui le constituent, le Temps et l’Espace n’étant que ces cadres incontournables au sein desquels la matière, vivante ou non, surgit, perdure, se désagrège puis disparaît.
Ainsi en va-t-il de l’existence des hommes… Quelle que soit la beauté qu’elle dégage, quelle que soit la complexité qu’elle implique, quelles que soient les expériences qu’elle véhicule, toute vie humaine est vouée à la destruction et à l’oubli. Confrontés à l’irrémédiable fugacité de nos destins, il ne nous reste donc plus qu’à savourer — conscients de ce qu’il y a d’extraordinaire d’être de passage à un moment donné — le simple fait d’être « là », émerveillés, malgré toutes les difficultés rencontrées et les peines endurées, de constater à quel point chaque instant relève finalement d’une sorte de prodige, précieux, unique, éphémère et magique…
Philippe Parrot
Françoise Hardy – Mon amie la rose – 1965
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Poème 209 : Trop éphémère beauté…
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Je m’exhibe avec d’autres,
Au sommet d’une tige,
Protégée du soleil
Par des feuilles bienveillantes
Et des mains sacrilèges
Par de guerrières épines…
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Tout en haut
De denses frondaisons
— Comme
Au bout d’une perche ! —
J’oscille avec le vent,
Au gré de ses désirs.
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Il caresse, charmeur,
Ma fleur toute épanouie,
Avec le mâle souffle
De ses brises pénétrantes,
Et, à me laisser séduire,
Je rosis, frémissante d’émois…
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À trop aimer ses transes,
Venues de quel Levant,
— Lucarnes sur l’Ailleurs
Qui poussent au voyage ! —
Mon cœur se languit
En vain secrètement…
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Captive d’un terroir
Où errent les fantômes
De celles nées avant moi,
À ne faire que passer,
Tenue de mourir là,
J’en ai pris mon parti…
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Ainsi, beauté fugace,
Aux parfums éphémères,
Aux grâces passagères,
Sans espoir de lendemain,
Je n’embellis qu’un monde
Illusoire et fragile !
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Murée dans mon silence,
Profond tel un abysse,
Je profite pourtant de cet été
Magique où je suis la plus belle,
Avec, pour seul avenir, je le sais,
Des rêves d’outre-tombe !
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Mais, dans mon infortune
— Radieuse création trahie
Par un destin cruel ! —
Avant l’heure crépusculaire
De ma courte existence,
Un plaisir m’est précieux :
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Savoir, à toute heure,
Jouir de chaque instant,
— Si banal qu’il soit ! —
Voilà qui me fait défaillir !
En témoignent mes fragrances,
Ces cris d’abandon que nul n’entend !
.
La rosée sur mes pétales,
Les abeilles amoureuses,
Ma sève intarissable,
Et la voix des enfants dans
Le jardin clos, oui ! Avidement,
Je goûte le moment présent.
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Alors, dites-moi ! Magnanime,
Me pardonnerez-vous,
— Quand je me fanerai ce soir —
De n’avoir uniquement songé
Qu’à m’enivrer des douceurs d’ici-bas,
Dans l’évanescence des jours ?
Poème écrit par Philippe Parrot
Commencé le vendredi 23 septembre 2016
Et terminé le samedi 24 septembre 2016
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