Dans la chambre impersonnelle de l’hôpital où elle séjournait depuis des semaines, avec, comme seul horizon, des murs écrus et nus, une chaise et une table inutiles et laides, un lavabo minuscule dans un coin, elle gisait sur le lit dans un état de semi-conscience, décryptant choses et sensations de loin, de très loin, comme si son esprit se détachait peu à peu de son corps.
Lentement… insidieusement… sûrement !
Impression apaisante, ce pressentiment qui l’envahissait depuis quelques jours, la convainquait dans les profondeurs de son être — quoiqu’elle ne puisse pourtant le formuler explicitement — que son départ était imminent. Ses cheveux tombés, totalement chauve ; son visage émacié, son teint terreux ; ses yeux hagards, perdus dans quelque monde ; ses joues creuses ; enfin, son corps décharné flottant dans la nuisette et perfusé en permanence, elle ne pouvait plus désormais qu’attendre l’Inéluctable sans offrir la moindre résistance.
C’est alors qu’un matin, revenue, comme par enchantement, au temps de sa jeunesse, elle se vit sur un quai, face à un voilier. Poussée par une force obscure, elle monta à bord, sûre d’embarquer pour le grand voyage…
Philippe Parrot
Photo trouvée sur internet – Auteur non identifié
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Poème 213 : La mer et la mourante
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Amarré le long du quai
À une bite de métal,
Ancrée dans le béton,
.
Ce racé voilier en fait
Est ton esprit, en mal
D’un ultime marathon.
* * * *
Les vagues, contre
La coque, font tanguer
Le navire. Il oscille…
.
Va à sa rencontre,
Sans vague à l’âme et gaie,
Pareille à son étrave : gracile !
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Le grand-mât pointé
Vers le ciel, c’est ton désir,
Immense, d’être pénétrée
.
Par les beautés enfantées
Par le monde. Éprouve ce plaisir
D’alors sur elles te recentrer !
* * * *
Ses voiles blanches hissées
— Annonce de l’imminent départ —
T’invitent à sauter vite sur le pont.
.
Elles seront ce linceul plissé,
Déposé sur ton corps avec art,
Pour cacher ton petit air fripon.
* * * *
Enfin, le voilà en pleine mer !
Au milieu de la tempête attendue,
Il coulera comme tes tendres larmes
.
À l’heure de ton naufrage amer.
Son épave, en morceaux répandus,
Aura eu raison de tes charnels charmes.
* * * *
Et, dans les noirs abysses de l’océan,
Lui et toi, noyés dans d’épaisses ténèbres,
Iraient à la dérive, vers des fonds inconnus.
.
Et ma peine profonde, comme le néant,
M’emportera dans les déferlantes funèbres
Du Temps où je sombrerai bientôt. Sans retenue.
.
Poème écrit par Philippe Parrot
Commencé le vendredi 7 octobre 2016
Et terminé le samedi 8 octobre 2016.
Une tendre pensée pour Geneviève…
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