Au milieu des gens agglutinés sur le quai, aux têtes toutes levées en direction du pont du navire où s’alignaient les voyageurs, les passerelles ôtées, les amarres larguées, le paquebot tracté par deux remorqueurs, dieu qu’il se sentait petit et désespéré face à ce mastodonte qui s’apprêtait à gagner la haute mer !
Car il y avait parmi les passagers celle qu’il aimait. Mais voilà, elle partait ! Se reverraient-ils quand l’un et l’autre avaient l’impression d’avoir vécu ensemble tout ce qu’ils pouvaient humainement vivre : un troublant et puissant amour au sein duquel ils avaient découvert toutes les facettes de l’esprit, de la chair, de la communion et de la fusion…
Pour sa part, vidé de toute énergie et de toute espérance, il ne ressentait plus à cette heure qu’une immense lassitude liée sans aucun doute à ce détestable sentiment qu’après avoir été si proches, ils étaient convenus — avec l’aide du Temps et sans ouvertement se l’avouer — d’apprendre à détricoter leurs liens pour tout effacer et tout oublier de leur passé commun. Alors, dans de telles conditions, imaginer se revoir un jour paraissait bien improbable…
Ils le savaient et l’acceptaient, même si, pour sa part, les temps forts de ce premier et unique et dernier amour ne cesseraient jamais de le hanter chaque jour…
Philippe Parrot
Photo trouvée sur internet – Auteur non identifié
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Poème 215 : Ainsi sombrent les amours…
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Au souvenir de leur ancienne histoire, ravageuse et fugace,
Deux êtres solitaires désespèrent d’être pris dans la nasse.
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Leurs chemins hélas divergents, leurs différences criantes,
Leurs âmes lucides se sont résignées à survivre, vaillantes.
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Chacun de leur côté, à travailler et vivre dans des villes distantes,
On dirait deux fantômes perdus, dans des errances débilitantes.
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À fuir leur poignant amour passé, sans ne plus oser en parler,
Ils se demandent si l’autre s’en souvient encore sans pleurer ?
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Et si, à murmurer son surnom secret qui hante sa mémoire,
Il sent toujours son cœur s’emballer, soudain plein d’espoir ?
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À coup sûr, non ! Le Temps, dévastateur, a bien fait son œuvre
Et le goût de leurs baisers s’en est allé, du fait de ses manœuvres.
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Ne restent aujourd’hui, dans son esprit trahi par ses renonciations,
Que de vagues souvenirs, sources jour et nuit de vaines divagations !
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P 215 – Ainsi sombrent les amours
Poème écrit par Philippe Parrot
Le dimanche 16 octobre 2016
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