« Le Ballon rouge » est un court métrage réalisé par Albert Lamorisse. Sorti en 1956, il reçoit la même année la Palme d’Or au Festival de Cannes. Ce film raconte l’histoire d’un petit garçon qui trouve un ballon rouge accroché à un réverbère dans une rue de Ménilmontant (Paris – 20ème arrondissement). Dès lors, on ne sait par quel miracle, une étrange amitié va se tisser entre eux deux, le ballon ne cessant de le suivre dans ses moindres déplacements. Jusqu’au jour où la jalousie des mômes du quartier va les pousser à mener une expédition punitive contre le gamin afin de crever son ballon.
C’est alors que se produit un miracle. Touchés par la tristesse de l’enfant, tous les ballons de Paris vont se rassembler autour de lui pour l’emmener dans le ciel rejoindre son ami disparu…
Un film magique, plein de poésie, dans un Paris des années 50 aujourd’hui bel et bien évanoui…
Philippe Parrot
Partie 1/4
Partie 2/4
Partie 3/4
Partie 4/4
« Le ballon rouge », un court métrage d’Albert Lamorisse
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Poème 218 : Le ballon rouge
.
Dis-moi, garçon,
Rêveur et solitaire,
Propret et blondinet,
Avec ton noir cartable
À l’école communale
Parti, tu traverses
Ménilmuche, vieux
Quartier de Paris,
Toujours abandonné
Au sortir de la guerre,
À l’aube des « Trente
Glorieuses ». On dirait…
.
Un village ouvrier
Et populaire, avec…
Ses rues pentues,
Étroites et pavées…
Ses venelles insalubres,
Puantes et malfamées…
Ses façades d’immeubles,
Grisâtres et lézardées,
Uniformes et glaçantes,
Étayées parfois même
Par des poutres en chêne
En appui sur le sol…
.
Avec… ses taudis exigus,
Où s’entassent des gens,
Dans la promiscuité,
Venues d’Europe entière…
Avec… ses commerces
Tous de proximité,
Bien mal achalandés,
Aux devantures de bois
Aux peintures écaillées
Et aux rideaux de fer
Qu’ils baissent à la main
Dans un bruit de ferraille…
.
Avec … ses charrettes,
Ô combien bringuebalantes,
Tirées par deux chevaux,
Dociles et débonnaires,
Allant à petits trots…
Avec… ses réverbères
En fonte et peints en noir,
D’une époque révolue,
Qui attendent, impassibles,
L’allumeur d’antan
Et, au bout de sa perche,
La flamme salvatrice…
.
Avec… ses vitriers,
Ses ramoneurs,
Ses rempailleurs,
Modestes artisans
Ambulants et parias,
Offrant en un appel perçant
Leur service possible…
Avec… ses terrains vagues,
Entourés de bâtisses
Au trois-quart effondrées
Où traînent les garnements
De tout Ménilmontant…
.
Oui ! c’est dans ce monde-là,
Grouillant d’activités,
De mœurs et d’habitudes
En train de disparaître,
Qu’un matin de printemps,
Au bas d’un escalier, public,
Donnant sur une avenue,
En haut d’un lampadaire,
T’as vu un ballon rouge
Flotter dans les airs,
Accroché au pylône
Par une longue ficelle…
.
Sans copain ni copine,
Tu l’as pris sous ton aile,
L’amenant avec toi,
Jusqu’en salle de classe.
Dés lors, il t’a suivi,
Fidèle compagnon,
Partout où tu allais,
À croire qu’il avait
Une âme… à la tienne
Rivée pour des raisons
Obscures, épanouie
Par ta tendre affection.
.
Au grand dam d’ailleurs
Des adultes, débiles,
Soucieux de le chasser,
Troublant leurs habitudes,
Mais aussi des vauriens,
Envieux de ce miracle !
Jusqu’au jour où, jaloux
De ta belle amitié avec
Cette chose, étrange et animée,
Tous les morveux du coin,
À te trouver trop tarte,
T’ont chopé avec force…
.
Pour te rouer de coups,
Ton maigre corps à terre,
Et t’obliger à les zieuter
Crever ton ballon rouge
Avec leur lance-pierres,
Riant méchamment
De le voir, par un trou,
Se dégonfler et choir
Sur le sol… Inerte
Et pitoyable,
Il gisait à tes pieds, flasque
Et flétri, méconnaissable.
.
Dépourvu de cette vie
Qu’il avait jusqu’alors,
Tu serrais dans tes bras
Ce lambeau de plastique,
Au milieu de tes pleurs,
Quand tu pressentis
Un bizarre événement
Sur le point d’advenir.
Sans savoir pourquoi,
Tu as levé la tête
Et vu dans le ciel,
L’incroyable se produire.
.
Des centaines,
Des milliers,
De ballons colorés,
Et dansants, arrivaient,
Échappés des mains
Des enfants de Paris,
Heureux de te soutenir
À l’heure du grand départ
De ton ami d’un temps.
Entouré de partout
Par leur amour pressant,
Tu les as liés ensemble.
.
Et, singulière montgolfière
Dans laquelle tu serais,
Arrimé aux ficelles,
Tu es monté vers l’azur,
Poussé par des vents
Amicaux et complices,
Au milieu des nuages,
Saluant tout Belleville,
Et même le Sacré-Cœur,
Et même la Tour Eiffel,
Une dernier fois,
Tes rêves enfin comblés.
.
Ô môme sympathique,
Nous aussi sommes pareils
À ton esprit songeur,
Épris de liberté.
Tout autant que toi,
Blessés par l’existence
Qui prive de ceux
Qu’on aime,
Nous rêvons tous de voir,
Venus d’autres univers,
Des ballons enchantés…
Nous ramener vers Eux !
.
Poème écrit par Philippe Parrot
À la mémoire d’Albert Lamorisse.
Commencé le mardi 25 octobre 2016
Et terminé le mercredi 26 octobre 2016
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