Occupant la majeure partie de la surface de la Terre, la mer fascine depuis toujours l’humanité par son étendue et sa profondeur. Mais, si elle force l’admiration tant ses limites indiscernables se confondent avec l’horizon et tant ses fonds inatteignables se perdent dans les ténèbres, elle effraie aussi par la violence de ses tempêtes qui engloutissent dans de vertigineux abysses marins et navires.

Le pouvoir meurtrier de cet élément-clé de la vie, indomptable, imprévisible et destructeur, totalement indifférent aux conséquences dramatiques qu’il induit sur le destin des hommes, n’est pas sans rappeler finalement l’inextinguible volonté de puissance de ces derniers.

En effet, au bout du compte, l’un comme l’autre, par des voies différentes, conduisent immanquablement au même résultat : la mort.

Philippe Parrot

229 - La mer

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Poème 231 : La mer

.

La mer étale,

Sous le ciel serein

Parcouru de nuages

Qui s’en vont au galop,

Masque aux marins

Sur ses fiers flots,

Infini paysage,

Son jeu fatal.

.

Avec audace,

Tandis qu’au travail

— Nuit et jour, sur le pont,

Dans les soutes, à faire bloc —

Ils mouillent leurs chandails,

Ses vagues, contre la coque

Des navires, en tourbillons

D’écumes, se fracassent…

.

Immuable, il y a

Tant de grandeurs

Dans son immensité ;

Tant de ténèbres pérennes

Dans ses abysses fossoyeurs ;

Tant de jouissances, souveraines

Et cruelles, dans la brutalité

De ses lames à hue et à dia

.

Qu’elle est vraiment

Le tempétueux miroir

Où contempler sans tabou

L’opacité de nos âmes… D’autant

Que, dans ses fonds glaçants et noirs,

Elle garde ses secrets longtemps

Comme nous cachons en nous

Les nôtres : jalousement !

.

Ainsi, sans foi ni loi,

Mues par les mêmes énergies,

Nos volontés de puissance farouches,

Aveuglément destructrices et belliqueuses,

Ne font que s’opposer, jamais assagies,

Lors de tempêtes ignominieuses

Où, vite mis sur la touche,

Les hommes se noient…

.

Ô vastes océans impassibles !

Humbles mortels, ne devrions-nous pas

Nous réjouir de vos vilénies de toutes sortes ?

Elles permettent de rejoindre — dessein cohérent

De destins distincts accomplis sans faux pas —

L’immense firmament, subitement ouvrant

Aux matelots disparus une grande porte :

Celle de l’Éternité immarcescible !

.

fichier pdfP 231 – La mer

Poème écrit par Philippe Parrot

Commencé le vendredi 23 décembre 2016

Et terminé le samedi 24 décembre 2016

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