Faux-cul que nous sommes, nous attribuons souvent le privilège de la sagesse aux personnes d’un âge avancé, sous prétexte qu’elles seules auraient la maturité requise pour émettre des jugements raisonnables. Foutaises !
Derrière la prétendue hauteur de vue des « sages » paroles que les vieux professent, se cache trop souvent cette sacrée dose de fatalisme — voire de crasse résignation — qui les pousse à accepter les choses telles qu’elles sont, trop las de se battre… En fait, taraudés par maintes peurs irrépressibles, à voir leur corps se déliter, leur pensée s’égarer, bref, avec l’arrivée de la vieillesse l’heure de leur mort approcher, ils cachent leur impuissance à ne pouvoir enrayer l’inéluctable derrière des arguties pseudo-rationnelles.
Hélas, cette sagesse soporifique n’est rien d’autre que la théorisation de leurs propres lâchetés, portées par le désespoir de se perdre et de tout perdre bientôt !
Philippe Parrot
Détail du « Jugement dernier » de Michel-Ange
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Poème 232 : Peur de l’Autre-Monde
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Qu’ils sont donc éphémères nos pas !
Ceux que nous faisons avant le trépas.
Ils restent dans la neige, avec le froid,
Et disparaissent aussitôt le soleil roi…
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Qu’elles sont donc passagères nos paroles !
Celles qui claquent comme une banderole.
Elles volent au printemps avec le vent léger
Et se perdent l’été dans la chaleur, piégées…
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Qu’elles sont donc fugaces nos amours !
Celles que l’on voudrait voir durer toujours.
Elles éclosent un matin telles un bouton de rose
Et se fanent le soir, leurs pétales si fragiles choses…
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Ainsi, débarqués par hasard sur la Terre, à peine nés
Sommes-nous assez vieux, dès notre première année,
Pour.mourir… Dans un monde constitué de matière,
Nous sommes des Étrangers, de leur esprit si fiers…
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Pourquoi tant de joies et de peines sans lendemain ?
Sortis du Néant, hier, tenus d’y retourner, demain,
Nous passons l’existence à côtoyer cette frontière,
Bizarre et anxiogène, où nos cœurs s’empierrent.
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N’attends rien pour tes actes accomplis en silence !
Ni louange ni sermon, rien à mettre dans la balance.
Mais n’aie pas pour autant le besoin, contre ta tempe,
De plaquer le canon d’une arme sans aucune crampe !
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Les feuilles mortes tomberont sur tes chemins boueux,
Le soleil s’y couchera en des rougeoiements prodigieux.
Oui ! Au fil des ténèbres de tes jours, au fil des lumières
De tes nuits, les saisons passeront, malgré tes œillères…
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Quant à l’enfant que tu étais… à l’amant que tu fus,
Insouciant et rêveur… fidèle et enthousiaste, confus
De songer de la sorte au passé, en voyageur incongru
Dans le Temps, tu regretteras d’avoir joué à l’intrus…
* * * *
Pourtant, l’air de rien, viendra l’heure d’être vieux,
Happé sans l’avoir voulu dans une spirale d’adieux.
Tomberont tes paupières sur tes yeux ; sombreront
Tes désirs fougueux. Oui, tous tes rêves mourront !
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Comme un grain de sable qui tombe dans le sablier,
Comme tes larmes qui perlent, incapable d’oublier,
Comme le courant du fleuve qui fuit vers l’horizon,
Comme ton sang qui coule pour de bonnes raisons,
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Tu ressentiras comme il est dur de ne faire que passer,
De devoir devenir cet être mûr pour enfin trépasser.
N’aie cependant pas peur de cette métamorphose !
À renoncer au monde, perdras-tu donc grand-chose ?
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Non ! Car tu auras plongé, de ton vivant, dans une mer de délices,
Mais aussi de vices, jouisseur soudain conscient qu’elle sera la complice,
Prochainement, de cette ultime marée, aux vagues gigantesques,
Porté par elles vers une glaciale demeure, peu pittoresque…
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Poème écrit par Philippe Parrot
Commencé le mercredi 28 décembre 2016
Et terminé le jeudi 29 décembre 2016
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