S’il y a une heure bizarre dans la journée, c’est bien ce moment magique de l’endormissement, cet état d’entre-deux où l’on n’est plus tout à fait dans la veille mais pas encore dans le sommeil… Transportés dans une aire intermédiaire où le Temps semble subitement se dissoudre, suspendus dans un étrange monde, nous semblons flotter dans un océan cotonneux d’impressions fugaces et indéfinissables. Prémices nécessaires au basculement dans le sommeil, elles battent à cette occasion le rappel — selon la sensibilité de chacun — du passé ou de l’avenir et c’est ainsi que, revisitant hier ou investissant demain, nous sombrons, sans nous en rendre compte, dans la béatitude d’une nuit réparatrice.
Philippe Parrot
Photo trouvée sur internet – Auteur non identifié
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Poème 234 : Prémices au sommeil
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Le soir,
Au creux du lit,
Dans la chaleur des draps,
Recouverts par une couette,
À l’heure d’endormissement
De nos corps bien las,
Défaits par le travail,
Les devoirs et le stress
— Dans les nimbes,
Entre veille et sommeil,
Quand le Temps se dilue
En un étrange état,
Intemporel et flottant,
Où nos esprits d’alors
Ne se privent jamais,
Oppressés par la nuit,
Pour les uns :
De rejoindre le passé,
Pour les autres :
D’entrevoir l’avenir —
.
Vous, exquise Inconnue,
Tête sur l’oreiller
Et cheveux ondoyant,
Habillée seulement
D’un parfum capiteux,
Ramassée sur vous-même,
— La chair dans l’abandon
Et l’âme en lâcher prise —
Plus désolée qu’amère
D’être seule, en ce jour férié,
Dans une chambre d’hôtes,
— Belle invite aux caresses ! —
Vous aimeriez
Trouver en cet endroit
Des objets familiers,
Propres à vous rassurer
À l’instant du passage,
De la lumière diurne
Au clair-obscur nocturne,
À vos yeux, délicat…
.
Hélas, autour de vous,
Il n’y a nul repère :
Ni aiguille, ni cadran,
Ni montre, ni horloge,
Aux chiffres phosphorescents,
Pour maîtriser
Les ombres
Crépusculaires,
Bien trop envahissantes…
Elles vous encerclent
Par vagues successives
Et suscitent l’angoisse.
Alors, en désespoir
De cause,
Vous rappelez en vous,
— Comme pris
De panique ! —
Des images d’antan,
Des souvenirs touchants,
Des moments disparus…
.
Et voilà soudain
Qu’envahie
D’émotions apaisantes,
Surgit un point d’ancrage
Auquel vous raccrocher,
Offrant ce qui manque
À votre cœur triste :
Les vaporeuses silhouettes
De fantômes chéris !
À dispenser avec bonheur,
Dans votre for intérieur,
Leurs paroles fécondes
Et leurs tendres sourires,
Ils vous apportent,
Sur un plateau d’argent,
Le cadre tant espéré,
Familier et précieux,
Propice au basculement
De nos consciences
Dans une torpeur profonde…
.
Mais avant…
En la compagnie
De ces proches,
Appréciés et absents,
Peut-être disparus,
Vous prenant par la main,
Voire même par la taille,
Ravie de vous sentir
Portée par leur aura,
Irez-vous en confiance
Jusqu’aux portes du Néant.
Indicibles présences,
Ils vous choieront ensemble
Jusqu’à ce que
Vous sombriez enfin,
Happée par ces Ténèbres
— Passagères ! —
Qui laissent trop augurer
— Tant leur nature est proche —
Des Éternelles, toujours à nous attendre.
.
Poème écrit par Philippe Parrot
Commencé le mardi 3 janvier 2017
Et terminé le mercredi 4 janvier 2017
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