Adolescents, avant de nous rendre au lycée en lui emboitant le pas loin derrière, j’attendais souvent qu’elle passe devant ma maison avec ses copines, caché derrière le rideau d’une des fenêtres de notre salle à manger qui donnait sur la Place. Fille d’un naturel enjoué, sans comprendre très distinctement ce qu’elle leur disait, je distinguais ses rires et ses éclats de voix, parfois même quelques bribes de ses phrases, ému de lui ravir une part d’elle-même sans qu’elle le sache, trop timide par lui avouer mes sentiments.
En fait, il fallut attendre quelques années plus tard pour se croiser et sortir enfin ensemble avant qu’elle ne décède dans un accident d’avion…
Voilà, là, une manière de lui rendre hommage à travers ce premier et inoubliable baiser, à dessein emprisonné dans un carré parfait…
Philippe Parrot
Place des États-Unis à Château-Thierry dans les années 1960
* * * *
Poème 243 : Hélène au carré
.
Chaque matin, de ma fenêtre, le nez collé à la vitre et le cœur serré,
J’attends qu’elle passe sur le trottoir, au pied de notre maison, prêt
À l’appeler d’un petit nom. Elle se rend au lycée avec ses copines et
Discute et s’esclaffe sans supposer un instant qu’amoureux, elle est
Cette fille de rêves qui habite mes nuits de lycéen, assailli de désirs
Dévorants, au chaud, dans le fond de mon lit. Faute d’oser lui dire,
J’emprunterai, à mon tour, ce chemin obligé, la suivant à distance,
Avec mon sac et mes espoirs vains. Élève en manque de confiance,
Timide et boutonneux, à l’observer à une dizaine de mètres de moi,
Je m’imaginerai la rejoindre pour la prendre par l’épaule avec joie
Et lui déclarer enfin combien ses yeux rieurs et son petit nez pincé,
Ses cheveux auburn et leurs mèches rebelles ont réellement évincé
Tout autre amour possible… Mignonne et désirable, dans sa tenue
D’été, elle longera la Place où, tant de jeudis, j’ai joué sans retenue,
Avec Yves, le seul et grand ami de mon enfance, avant de dépasser
La terrasse du Café du Commerce grouillante d’habitués, si pressée
De s’engager sur le Pont de la Marne. Ainsi, parcours mémorables,
Rejoindrons-nous nos classes respectives et nos profs infatigables,
Au sein du vieil établissement, nommé : « Jean de la Fontaine »…
Quelques années plus tard, étudiant à Paris, logé en bord de Seine,
Avant qu’elle ne disparaisse au-dessus de la Manche, dans le crash
D’un avion, nous nous retrouvâmes sous le scintillement de flashs,
Lors d’une fête, tout à fait par hasard… C’est alors qu’elle m’avoua
Dans l’abandon d’un slow qu’au bahut, à mes regards bien des fois,
Elle avait toujours pressenti qu’elle était mon béguin… Et, enlacés
L’un à l’autre, au nom sans doute du Passé, elle m’avait embrassé !
.
Poème écrit par Philippe Parrot
Commencé le vendredi 3 février 2017
Et terminé le samedi 4 février 2017.
Ce poème est dédié à Hélène T…, décédée en 1970.
Vous aimez ce poème. Partagez l’article ! Vous contribuerez ainsi à la diffusion de mes mots.
Pour visualiser le poème en même temps qu’il est lu, cliquez simultanément sur le fichier pdf et sur la vidéo !
Ce texte est à mettre en parallèle avec un autre : Poème n°71 : Premier amour
Outre ce poème inscrit dans un carré, découvrez ci-dessous deux textes insérés dans un cercle et un triangle parfaits :
Poème n°222 : A vau-l’eau de vies
* * * *
* * * *
* * * *
Pour accéder à la totalité de mes poèmes classés par ordre chronologique et thématique, veuillez cliquer sur l’une des bannières ci-dessous :
* * * *
Notification : Conformément au code de la propriété intellectuelle (loi n°57-298 du 11 mars 1957), il est interdit d’utiliser et/ou de reproduire et/ou de modifier et/ou de traduire et/ou de copier le texte ci-dessus, de façon intégrale ou partielle, sur quelques supports que ce soit : électronique, papier ou autre, sans l’autorisation expresse et préalable de l’auteur. Tout droit réservé.