Justine empruntait si souvent cette route sinueuse pour rejoindre la ville où elle poursuivait ses études qu’elle roulait à vive allure, songeant qu’elle pourrait presque conduire les yeux fermés. D’autant qu’elle avait ce soir une autre bonne raison pour foncer en direction du col : elle avait décidé de ne pas rejoindre le studio où elle logeait mais plutôt le petit appartement de son copain pour y passer la nuit. Ce serait leur première fois.
La tête ailleurs, elle susurrait les paroles de la chanson sur laquelle ils avaient dansé lors de leur inoubliable rencontre, tenant d’une main le volant tandis qu’elle fouillait de l’autre dans son sac en quête de la photo de Lucas. Agacée de ne pas la trouver immédiatement, elle détourna une fraction de seconde son regard de la chaussée alors qu’elle amorçait le dernier virage.
Le temps de la repérer parmi ses affaires, l’auto s’engageait bien trop rapidement dans la courbe sans qu’elle ne tourna le volant. Un interminable cri… une soudaine panique… un visage terrifié… un corps tétanisé… Elle n’eut pas le temps de réagir, sinon de pressentir l’imminence de la mort. Le véhicule percuta de plein fouet le parapet et tomba dans le vide.
Philippe Parrot
Photo trouvée sur internet – Auteur non identifié
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Poème 262 : Trop pressée de le revoir !
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La route sinueuse serpente au flanc
D’une haute montagne qui domine la vallée.
Sa dangerosité est, certes, sans nul équivalent
Mais Justine l’emprunte, ravie de s’en aller.
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Jeune et fiancée, elle rejoint son prétendant.
Chemise échancrée et jolis seins nacrés,
Jupe courte et jambes nues cependant,
Elle sourit à la vie, à ses yeux si sacrée.
* * * *
Les parapets défilent et sa vitesse croît.
Vitre baissée, elle respire à pleins poumons
L’air. Face au soleil couchant, brillant de surcroît,
Elle vibre à leur amour, oublieuse des sermons.
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Ce soir enfin, c’est décidé, ils dormiront ensemble.
Comme une demoiselle apeurée qu’encore elle est,
Pour ne point dans la nuit noire qu’elle ne tremble,
Elle se blottira dans ses bras où, sereine, elle renaît.
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Les paysages alpestres, encore un instant lumineux,
Avec leurs crêtes dentelées barrant l’horizon sans fin,
Se suivent. Leur austère beauté au relief vertigineux
Pourrait la distraire mais elle les ignore, à dessein.
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Impatiente de l’étreindre amoureusement, elle conduit
Bien trop vite quand, ailleurs, elle rate l’ultime virage.
Son coupé défonce le muret et, tel une pièce qui luit,
Brille au crépuscule, troublant un rapace de passage.
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Amis ! Voyez-la, au fond du ravin, sa tête ensanglantée
Contre le pare-brise explosé ! Sa main serre une photo
Qu’elle venait de saisir, de son chéri au sourire enchanté.
Hélas il ne l’attendrira plus, lâchée par ses forces bientôt.
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La carotide tranchée, son cœur lutte contre le vide
Du Néant qu’elle pressent désormais lui ouvrir grand
Ses portes… Son sang coule à flots sur ses chairs livides
Et là voilà qui nous quitte, son esprit vers l’éther migrant.
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Aujourd’hui, le garde-fou refait, rien ne trahit qu’en un mois d’août tu mourus là
Tant la vie reprend vite ses droits, indifférente au sort de ceux nés ici-bas.
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P 262 – Trop pressée de le revoir
Poème écrit par Philippe Parrot
Entre le mercredi 17 mai 2017
Et le jeudi 18 mai 2017
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