À chaque fois, ce sont toujours les mêmes qui font les frais des guerres : d’abord les morts, ensuite les vaincus, enfin les civils. Et parmi ces derniers, trop souvent les femmes… En effet, impliquées d’office dans des conflits orchestrés par les hommes sans qu’elles aient voix au chapitre, elles sont tout à la fois victimes des « bonnes » raisons qu’ils se donnent pour partir en guerre et tuer mais aussi des obscurs désirs qui agitent leur volonté de puissance, soudainement libérée de tout frein et tout à fait disposée, si l’occasion se présente et sans le moindre remords, à torturer et à violer.
Ainsi, embringuées dans des mouvements de l’histoire où il n’y a plus de limites à la déraison de la raison et à la folie des désirs, prises entre ces deux puissants et mâles moteurs de la nature humaine, si elles désirent survivre, elles ne peuvent que se soumettre aux sévices physiques et moraux que les hommes aveuglés leur imposent.
Décidément, vivement qu’au plus vite la femme soit l’avenir de l’homme !
Philippe Parrot
Marcel Gromaire (1892/1971) – La guerre
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Poème 263 : Femmes sous le joug
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Au cœur des craquements
Des branches calcinées des
Arbres embrasés, terrassées
Par les flammes, des femmes
— par un bras sanguinaire
Hier décapitées — errent vers
L’ossuaire où déposer en terre
Leur crâne rasé, ensanglanté,
Aux joues balafrées, aux lèvres
Mutilées, aux yeux exorbités.
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La barbarie régnante des mâles,
Infâmes, damne leur âme et clame
L’extermination, sans sommation,
De ces jeunes et innocentes vierges
Toutes rétives, ignares en soumission.
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Dans le rougeoiement incandescent
Du brasier dévorant leur corps en rang,
Une poussette noircie où gît une fillette,
Sans la mitre et le titre de reine souveraine,
Bringuebale sur le carreau d’anciennes halles,
Portail de catacombes avec leurs puantes
Tombes, vides, où des ânes ricanent,
Leurs grandes oreilles mises en veille,
Reliées aux silences des cieux en transe.
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Creuset des noirs désirs des hommes,
Au membre turgescent venu des marais
Fangeux de diables rigolards et dressé
Pour pénétrer les chiennes de lupanars,
Ils vous tueront pour cacher leurs vices…
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Gardiennes conspuées des vénérables bontés
De la nature humaine, elles exhalent dans
Un élan d’espoir, émis par leur cachectique
Poitrine, l’haleine séculaire d’inatteignables
Grandeurs dont les dieux leur firent don…
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Pourtant, sur les chaotiques chemins
De la Terre Promise aux enfants débonnaires,
Jonchés des cadavres putrides de guerriers
Mercenaires, leurs pieds collés aux boues
Des innombrables drames de l’Histoire sanglante,
Leur foi indéfectible en un monde meilleur
Témoigne des ardeurs de leurs forces
Intérieures, créatrices de riches visions
Enchanteresses d’où sourdent les croyances.
.
Devant vos tombeaux oubliés
Où vous reposerez en paix,
Dans l’oubli calamiteux
De nos mémoires faillibles,
Je vois vos chairs éventrées…
J’entends vos voix étouffées…
Je sais vos ventres violées…
Alors, héraut de votre nubile pureté,
Par mes paroles — lame tranchant
L’obscurité jetée sur vos lumières —
Je me tiens à vos côtés et prie,
À cor et à cri, devant vos restes
Répandus au fond des charniers,
Pour qu’un jour veuillent se repentir
Vos pères vos frères, vos amants vos maris,
Contre vous, depuis trop longtemps, en guerre.
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Poème écrit par Philippe Parrot
Entre le dimanche 21 mai 2017
Et le lundi 22 mai 2017
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