Sans avenir qui lui montrerait une voie, sans passé qu’il cherche constamment à renier, sans présent qui lui donne chaque fois l’envie de gerber, y a qu’ la frime, le paraître, la drague, la baise, la dope, l’arnaque et les casses qui déchargent dans ses tripes d’ sacrées doses d’adrénaline…
Alors, à vivre au jour le jour, à s’en branler des autres et de d’main, il s’ pavane dans sa caisse, une BM qu’il aime, en con de matamore, traînasse dans le hall d’ son bloc, traficote et fornique dans les caves, bref, s’ prétend vrai caïd de quartier, souverain d’un royaume de quelques mètres carrés…
Mais, d’aut’es bandes l’ont à l’œil et il sait que cette vie-là est galère et qu’il risque, tôt ou tard, un beau soir, d’êt’e trouvé, raide et froid, un poignard dans le dos ou une balle en pleine tête.
Du coup, i’ s’ fout tout et s’ la joue…
Philippe Parrot
Slameur sur scène – Photo trouvée sur Internet – Auteur non identifié
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Poème 268 : Macadam Slam !
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Dans ta BM classe que trop t’aimes,
Tu t’ pavanes en vrai beur du quartier.
Eh ! mec, tu tannes toute la ZUP en entier !
Vit’es baissées et plein pot, ta FM qui arrache,
Mâle dressé, y a tant d’ maux en mots dans ta tête
Qu’ ces dames d’hab t’appellent « Macadam Slam ».
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Pour sûr qu’ tu crèves, plein d’ rêves,
Trop chelou c’ 93, ta banlieue, c’ non-lieu !
T’es si jeune, tu t’égares qu’à l’égard du jeûne,
Tu n’ ressens que d’ la méfiance, évidence !
Ton corps le crie : rien à foutre de l’Islam,
À cor à cri, tu l’ clames, y a qu’ le slam !
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Tes journées sur « off », t’ off’es des tournées
À la bière — foutrement fier — c’est pas cher
À tant d’ caves défoncés dans ta cave glacée,
Qu’ i’ t’ vénèrent, pas d’hier… Sur les nerfs,
Sur le cul, d’ les avoir, sûr, convaincus,
Tu r’dores ton sort, t’adores êt’e fort.
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T’as la trique, faut qu’ tu niques,
Dragues une meuf, fasses la teuf !
Tu l’embarques, prends tes marques,
Loin d’ la Parque, sur un rail qui déraille.
Ô coke ! Sans détour, tu fais le coq et la fourre.
Tu t’en moques, pas de honte d’ mettre en cloque !
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Et l’ matin, sacré crétin, sans baratin,
Sans vieille, sans réveil, tu t’ réveilles
Près d’ cette meuf que tous keufent.
Pas d’ chance, teup ! La confiance
Y en a plus, c’est surfait, surplus,
Dans les blocs, ça débloque…
* * * *
Si tu traques dans chaque flaque
Le reflet de mouflets très friqués,
Aux sales gueules trop bégueules,
À dessein leur vain destin, sans fin,
De futurs cons maris, tu l’ contraries
D’ tes poings et t’ marres dans ton coin.
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À n’ plus voir, l’ soir, que du noir
Dans ta vie, pleine d’envies,
Sans boulot, c’est ton lot,
Tu chouraves — grave ! —.
Rien à foutre des jean-foutre,
Pisse leur dans la raie, çà effraie !
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À dev’nir insomniaque, pour avoir la niaque,
Tu t’ piques à l’héro, foutu tic de blaireau…
Envahi par la peur, tu n’vis que d’ leurres.
Ta dose, délétère, te pose et t’ oses, à terre,
Te penser immortel, prêt à tancer ce bordel !
Satan sous la pluie, tu l’attends chaque nuit…
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Bourré d’ vague à l’âme, tu divagues
Et t’ vois, dès lors, cent fois à la mort.
Serait-ce l’heure qu’Elle fasse son beurre,
Lasse de tes frasques, et déchire ton masque ?
Craignant de t’ faire mettre, va, ployant, t’en r’mettre
Aux dieux, aux cieux, lisses néants d’ nos abysses béants !
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Poème écrit par Philippe Parrot
Entre le 13 et le 14 juin 2017
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