À côtoyer en permanence — à travers l’étalage des guerres et autres drames diffusés dans les médias — l’omniprésence de la Mort, nous pourrions penser au final nous préparer à l’inéluctabilité de la nôtre. À une nuance près cependant ! Atterrés par ces « spectacles », à y songer à ces occasions, nous l’imaginons naïvement, à notre égard, compatissante, semblable à un moment d’abandon durant lequel nous partirions tranquilles et détachés.
Hélas, pressentant qu’en la matière rien n’est moins sûr, nous nous empressons d’oublier qu’à peine nés, nous sommes déjà assez vieux pour mourir, qui plus est dans des circonstances peut-être douloureuses ! Alors, trop heureux de faire l’autruche pour occulter une telle éventualité, nous nous immergeons dans l’action et l’amour, empressés de vivre chaque instant, taraudés par l’illusoire sentiment de l’immortalité…
Philippe Parrot
Victor Hugo sur son lit de mort, en mai 1885. Cliché réalisé par son ami Nadar.
(©Collection particulière Tropmi/Manuel Cohen/AFP)
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Poème 272 : À quand son tour ?
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Par un soir d’automne, par
Une nuit d’hiver ; par un matin
D’été, voire même de printemps,
— Mais qu’importe la saison ! —
Vous ou moi, séparés, nous irons,
— Mais qui donc le premier ? —
Nous étendre en silence Là-Bas,
Morts au champ d’honneur
Des gens trop anonymes,
Au terme d’une âpre vie
D’espoirs et de batailles,
De quêtes et de combats.
.
D’avoir perdu cette guerre
Contre le Temps impavide,
Dans les terres profondes,
Engraissées par nos chairs,
S’enfonceront les racines
De sauvages pensées,
Aux criardes couleurs,
Brûlées par les rayons,
Cosmiques, de l’Univers,
Dévastateur de nos cœurs,
Meurtris et amers, gardiens
De quelques lourds secrets…
.
Les larmes de fidèles amis,
Transformées en diamant,
S’écouleront en des rivières
Autour des cous diaphanes
De prêtresses couchées là,
Sur nos pierres tombales,
Offertes à une tiède brise,
Dans l’attente… Des mâles
Graines des dieux vagabonds !
Ils les ensemenceront soudain, et,
Vous autres vivants verrez naître
Un extraordinaire Paradis…
* * * *
Ô quelle touffue végétation,
Épaisse comme une jungle !
Des oiseaux-lyres, en transe,
Cachés dans la terne verdure,
Imiteraient les chants solaires
D’un chœur de fières vestales,
Aériennes et douces mélopées
Où seraient encensés les noms
Des chers disparus qui hantent
Vos mémoires d’êtres de chair,
Toujours ancrés dans ce monde
Terrestre, soumis à vos vouloirs.
.
Au loin, un vieil ermite,
Porteur d’objets votifs,
Témoignerait des vœux
De mânes en errance,
Perdus dans la brume
Alors que, sous la lune,
Pousserait un lys céleste
Dont la magnificence divine
Pourrait ouvrir une ère nouvelle,
Affranchie des affres de la Mort, si,
Détachés des pouvoirs et des biens, nous,
Humains, nous voulions enfin en prendre soin…
.
Poème écrit par Philippe Parrot
Entre le mercredi 28 juin 2017
Et le jeudi 29 juin 2017
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