D’ordinaire, la fonction du langage, objectivé à travers des sons ou des signes, est de véhiculer des idées ou des ordres. Il permet ainsi aux hommes de partager des pensées différentes ou d’engager des actions communes. Il est donc un facteur essentiel dans la formation et la pérennité des groupes, permettant la transmission des savoirs et des techniques d’une génération à une autre.
Mais, pour qui veut échapper à l’hégémonie de la raison, cadre incontournable et oppressant de nos esprits et de nos actes, le langage peut — notamment par le biais de la littérature — renvoyer à toute autre chose. Aux images ! C’est le cas de ce poème qui ne s’appuie sur aucune logique, qui ne raconte aucune histoire, qui ne porte aucun message, qui n’incite à aucun engagement…
A priori sans queue ni tête, il prétend seulement offrir à chacun la possibilité d’échapper un instant aux pesanteurs du quotidien, en interprétant comme il l’entend les situations évoquées et en rebondissant avec d’autres plus personnelles au gré de sa sensibilité, de son histoire ou de son humeur du moment…
Philippe Parrot
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Poème 281 : Âme en voyage
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À jeter par jets
Le vin dans un ravin
Où rochers et rocs ivres
Écoutent chanter les geais,
Fléchés par l’arc-en-ciel divin,
D’un rêve à l’autre, je me délivre :
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Du vif tourment de nos folles amours,
Chauffées à blanc par ton sang rouge ;
Des bleus d’âme de nos nuits blanches,
Livrées aux noirs désirs pris à rebours,
Champ de ruines où plus rien ne bouge,
Sinon des soudards qui s’emmanchent.
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À traquer le soir des vampires-fantômes,
Canines saillantes, pour enfoncer un pieu
Dans leur poitrine, de l’ail dans la bouche,
Crucifix brandi, de ces suceurs de mômes,
Réfugié dans l’aire céleste du dernier dieu
Connu, j’ai bu leurs promesses à la louche.
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Jusqu’à tomber par terre, ivre mort ! Soûl
Des chimères évanescentes et des mirages
Ondoyants qu’un soleil joueur et généreux
Enfante à tout instant tandis qu’en dessous,
Plumes ensanglantées, à son ultime voyage,
Un canard sans tête tangue l’air malheureux.
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À refermer sur moi la porte des oubliettes,
Côté rues, côté cours, et même de tout côté,
J’ai vu des étoiles de mer, au fond d’abysses,
Danser avec les vagues et manger les miettes
De requins blancs tueurs avec tant de cruauté
Que je les ai tous empalés à de belles hélices…
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De navires en partance vers des îles de cristal,
Aux verts des plus fragiles qui tintent comme
Des coupes portées par des cascades de cidre
Et de Champagne coulant à flots. Joie fatale,
Au pied d’érables, j’ai vu des jeunes hommes
Téter les mamelles de gorgones et d’hydres…
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À m’élever loin des monts et plaines de chair,
Sacramentels reliefs que peaufinait ma Douce
Aimée, hampe congelé tout au fond de glacier,
Dans un ciel, dégagé, où un ange pompait l’air,
D’un nuage où des saints se la coulaient douce,
D’un enfer tellurique où vibrait un cœur d’acier,
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J’ai lancé mon esprit vers les espaces de l’âme,
Rapidement mis en orbite tout autour de l’être,
Avec, fidèles amis, des astres voués à la pensée.
Ainsi ai-je enlacé l’univers tout feu tout flamme,
Dans une étreinte dont les mères restent maîtres
Et me suis-je offert, comblé, à l’Éternité qui sait…
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Poème écrit par Philippe Parrot
Entre le 29 et le 30 juillet 2017
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