Avare de mots et solitaire, reclus dans un appartement en compagnie de livres, il vit en marge, à la frontière du réel, à l’écart de la vie sociale, en rupture d’orientation professionnelle. Hanté par d’innombrables questionnements, rongé par un mal-être chevillé au corps, en lutte contre toute forme d’autorité, il se cherche, déboussolé par notre société libérale et marchande…
C’est pourquoi, lors d’une manifestation contre la politique du gouvernement, il se glisse parmi les participants, sans doute au mauvais endroit au mauvais moment. Arrêté par les Forces de l’Ordre au cours d’échauffourées puis aussitôt incarcéré, le voilà brutalement en prison dans l’attente de son jugement…
Donner le change ne l’aidera qu’un temps. Arbitrairement coupé des siens, c’est désormais toute son existence qu’il lui faut repenser dans l’urgence.
Philippe Parrot
Photo d’un Centre de Détention – Auteur non identifié
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Poème 302 : Détention provisoire
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Dites-moi, nantis qui sourient à l’avenir,
Aurais-je dû, en bon bougre, me tenir à carreau
Durant cette manif populaire, pour ne pas finir,
À cette heure-ci, derrière les barreaux ?
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Dites-moi, bien-pensants qui me jugent,
Aurais-je dû, en citoyen servile, ne pas protester
Avec véhémence, contre votre vil monde-refuge,
Stérile et décadent, où règne la fausseté ?
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Dis-moi, père en colère qui ronge son frein,
Aurais-je dû, en jeune chômeur, continuer encore à
Partager mille galères, niant qu’un destin souverain,
En ces temps, s’arrache à la force des bras ?
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Dis-moi, mère aimante qui garde l’espoir,
Aurais-je dû, en adulte bridé, rester dans le rang
Malgré ma jeunesse, renonçant trop vite à croire,
À mon âge, en un futur idéal et différent ?
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Dis-moi, fier esprit qui prend de la hauteur,
Aurais-je dû, avec ta sagesse, apprendre à m’élever
Malgré mes impatiences et mes fougueuses ardeurs
Vers la maturité, apanage de vies achevées ?
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Dis-moi, mâle corps qui souhaite se donner,
Aurais-je dû, avec bonheur, ne songer qu’à aimer
Une femme sensée, comblé par notre nouveau-né,
Réjoui de construire sans ne plus réclamer ?
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Dans ma cellule froide, austère et exiguë,
Dans cette prison où la lecture ne chasse point l’ennui,
J’ai beau chercher une réponse qui ne fut pas ambiguë,
À n’en pas trouver, je me fuis jour et nuit.
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Prisonnier de l’instant, je zappe, vite, demain
Fatigué de donner le change, dans l’attente du jugement.
Mon existence me pèse entre ces quatre murs. Inhumain
Sort, je rêve d’un ailleurs où vivre pleinement.
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Poème écrit par Philippe Parrot
Entre le 24 et le 25 octobre 2017
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