Émouvante scène filmée par Cristina Mittermeier et Paul Nicklen, en août 2017, alors qu’ils se trouvaient sur l’Île de Baffin, dans l’Arctique Canadien, l’on y voit un ours blanc, famélique et hagard, aux muscles atrophiés, privé à ce point d’énergie qu’il peine à se déplacer. En quête de nourriture, il semble à l’agonie…
Bien qu’on ne puisse scientifiquement établir un lieu de cause à effet entre le dérèglement climatique et le corps décharné de cet animal-là et bien que d’autres facteurs puissent expliquer son état (maladie, vieillesse), cette vidéo diffusée sur tous les réseaux sociaux nous oblige néanmoins à nous interroger sur les conséquences de la fonte des glaces sur cette espèce tant l’inexorable recul de la banquise voit sa zone d’habitation et de chasse (notamment les phoques) se réduire avec le réchauffement.
Philippe Parrot
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Poème 313 : L’ours polaire
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La banquise a fondu
Ces dernières décennies,
Là-bas, sur l’Île de Baffin…
Reste une venteuse étendue,
Où, les phoques partis, banni,
Tu meurs en silence de faim.
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Comme une bête de trait
Qui ploierait sous sa charge,
Brisé, ton arrière-train s’affaisse
Sur cette terre nue, privée d’attraits
Sans tes proies allées vers le Grand-Large.
Voilà sonner ta mort ! Et celle de ton espèce…
.
Le corps cachectique et ton
Pelage terne, sans sa blancheur
D’antan, pareil à un fantôme errant
Dans une vaste lande, mortifère marathon,
Tu te traînes à pas lents et comptés, ton Heure
Venue d’agir comme font tous les mourants.
.
Sur cette zone aride, couverte de rocailles
Et d’herbes maigrichonnes, titubant mais
Debout —pour quelque temps encore ! —
Tu erres, à la recherche d’un retiré bercail
Où t’étendre sur le sol et dormir à jamais,
Digne et solitaire, résigné à ton fatal sort.
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Spectateurs effarés par ton cruel destin,
À voir ta marche, ultime et dramatique,
Tes muscles fondus, tes forces laminées,
On pleure ce chemin de croix, d’instinct
Parcouru, avec, comme unique viatique,
L’indifférence du Monde, muet et miné !
* * * *
Nul albatros, nul goéland, dans l’air volant,
Ne t’accompagnent, en deuil, de leurs cris…
Nulle neige, nulle bise, dans le ciel hivernal,
Ne ravivent ton ardeur de carnassier violent.
Nul congénère, nulle femelle, tout attendris,
Ne te suivent pour t’entourer à l’instant fatal.
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Navrant spectacle. Esseulé, à bout de forces,
Réduit à un état squelettique, dans un bidon
Abandonné tu cherches de quoi te sustenter.
En vain ! Alors, devinant ta fin qui s’amorce,
Las de souffrir, en quête de quelque pardon,
Tu t’affales, tête lourde, regard désenchanté.
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Ours, chacun le sait ! C’est là que s’achèvera
Ton âpre existence. Jadis roi de ces contrées,
Inhospitalières et glaciales, tu t’épanouissais
Sur la glace, aujourd’hui disparue… Qui verra
Dans ton calvaire la voie de changements très
Profonds ? Nous… abasourdis par ton décès !
* * * *
Repassant les images de ta lente et silencieuse
Agonie, nous saisirons soudain, dans un éclair
De lucidité, conscients du Devenir, qu’un jour,
La Terre détruite par nos actions pernicieuses,
Nous mourrons de la sorte sur la même galère,
Construite de nos mains de connards balourds.
.
Poème écrit par Philippe Parrot
Entre le 11 et le 12 janvier 2018
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