Sans trop savoir pourquoi, subitement désireux de rendre hommage à la poésie « classique » telle qu’elle fut fixée au XVIIème siècle, je me suis mis en tête, cette semaine, d’écrire un poème sous forme d’alexandrins articulés autour de deux hémistiches, constitués de six syllabes chacun et séparés par une césure.

Voilà donc l’édifiante rencontre d’un homme sans qualités, en quête de quelque vérité, avec un vieil ermite, glaçant et concis. Au terme d’une discussion qui conduit à l’amer constat qu’on ne change pas la nature humaine, la prise de conscience de l’apprenti-philosophe s’avérera une expérience si douloureuse qu’il y remédiera, illico presto, d’une manière radicale et expéditive.

Surtout, un exemple à ne pas suivre !

Philippe Parrot.

Remarque : Contrairement à ce que voudrait le bon usage en matière de versification, j’ai choisi délibérément de compter le nombre de syllabes par alexandrin en considérant uniquement la structure formelle de chaque mot — indépendamment de sa place dans le vers ! — et en ignorant, de ce fait, la règle des « e » muets. Je les prends tous en considération, qu’ils soient placés devant une voyelle ou non, en fin de vers ou non…

 

315 - L'ermite

Photo libre de droit trouvée sur le site Pixabay.com ( auteur : AjayGoel )

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Poème 315 : L’ermite

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Un ermite m’a dit… un beau matin d’été,

Le secret des terres, de la mer et des cieux.

Malgré ses yeux crevés… il voyait la beauté

De notre univers, dans ses songes précieux.

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Logé dans la forêt, vêtu d’une bure,

Grise et très usée, il vivait avec rien,

Délivré du désir, par son âme pure ;

Livré à la pensée, laudatrice du Bien.

.

Sans s’étendre longtemps, il m’a soudain parlé

Des gens en mal d’actions, sublimes ou viles.

Elles hantent sans fin les complexes allées

De leur esprit fumeux, hélas peu fertile.

.

« Pourquoi piller toujours, la verte Nature,

Jusqu’à la détruire ? Erreur si profonde !

Ces richesses enfouies, bien trop immatures,

Vous tuez pour les avoir, partout à la ronde. »

*      *      *      *

Comment aurais-je pu contrer ces vérités,

Dures et fatales ? Tout coi et bouche bée,

J’ai baissé mon regard, empli d’humilité,

Et longé un à-pic, par la honte courbé…

.

À pressentir alors qu’on ne changerait pas,

J’avais si peu le droit de blâmer leurs actes,

Coupable moi aussi, que j’ai franchi le pas

Et chu dans le vide. Pour rompre le pacte !

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fichier pdf P 315 – L’ermite

Poème écrit par Philippe Parrot

Entre le 23 et le 24 janvier 2018

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