Quand, le vendredi 23 mars 2018, en milieu de matinée, Arnaud Beltrame, du Groupement de Gendarmerie de l’Aude, apprend qu’une prise d’otages se déroule dans le Super U de Trèbes, il se rend avec ses collègues aussitôt sur les lieux où un salarié et un client viennent d’être abattus. Après l’évacuation du supermarché, seule une caissière est retenue, servant de bouclier humain à l’assaillant. C’est alors qu’après des négociations infructueuses, le lieutenant-colonel Beltrame pose son arme et lève les mains, proposant de se substituer à l’otage. Quelques minutes plus tard, la jeune femme quitte les lieux, libre. En début d’après-midi, suite à des coups de feu, le GIGN donne l’assaut et tue le terroriste tandis qu’il porte secours à Arnaud Beltrame grièvement blessé à la gorge. Il succombera à ses blessures le lendemain.
Suite à la profonde émotion des français bouleversés par la bravoure de ce serviteur de l’État tombé en héros, Arnaud Beltrame est promu Colonel et Commandeur de la Légion d’Honneur lors d’un Hommage National décidé par le Président de la République, entre le Panthéon et les Invalides, à Paris, le mercredi 28 mars 2018.
À mon tour, par un poème, j’ai souhaité honorer sa mémoire…
Philippe Parrot
Colonel Arnaud Beltrame – Photo AFP
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Poème 325 : Colonel Beltrame
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Étreinte par la panique qui me tétanisait,
Le bras du terroriste, tout autour de mon cou,
M’étranglait… À lui servir de bouclier, brisée
Par l’épreuve, j’imaginais ma fin. À bout !
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Quand, soudain, sur le seuil de la porte
De la réserve où le tueur et moi étions retranchés,
Je l’ai vu apparaître, dans la lumière, bras levés, sans escorte
Et sans arme, d’un sang-froid vaillamment affiché…
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C’était un homme svelte, au visage étroit,
Front haut et nez pincé. De son regard lumineux
Émanait, conjurant dans l’instant mon effroi,
Une force d’âme, au souffle vertigineux…
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Il avançait vers nous, d’un pas très régulier,
Ne cessant de parler sans chercher à frimer,
Là pour prendre ma place, en gendarme lié
Par un serment qui, d’évidence, l’animait !
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Circonvenu par ses mots — mais aussi par ses yeux
Dont l’éclat, loin de laisser impassible, nous avait gagnés —
Le Fou-de-Dieu m’a libérée. Et, à nous croiser au moment des adieux,
Je l’ai vu, l’air étrange, me sourire avant de vite m’éloigner.
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Ainsi, sans nullement me connaître, sacrifiait-il son existence
En échange de la mienne, porté par une foi inscrite dans son destin,
Nourri par des valeurs qui l’ancraient à ses tâches, avec quelle constance !
Voilà ce que je perçus dans la noblesse de ses traits ! D’instinct !
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Lucide et décidé, au rendez-vous avec la Mort,
Au service des autres, en soldat fier et courageux,
Moins que manquer à ses devoirs, il refusait, en Fort,
De manquer à lui-même, à sa conscience le seul grand enjeu.
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Choquée mais sauvée, prise en charge aussitôt,
Après des coups de feu entendus, deux heures écoulées,
J’ai vu cet homme intrépide, sur une civière, presto
Être évacué. À sa gorge, tant de sang s’écoulait…
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Repose en paix, Colonel Beltrame ! Redevable, je te veille
Désormais, toi qui considéras ma personne plus chère
Que la tienne. Par tes actes et non de futiles conseils,
Tu m’as élevé l’esprit, en me léguant maint repère.
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À jamais !
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P 325 – Colonel Arnaud Beltrame
Poème écrit par Philippe Parrot
Entre le 4 et le 6 avril 2018.
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