Gilles arpentait la Place Clichy, à Pigalle, lorsqu’un rabatteur l’avait accosté pour l’inviter à découvrir une boite de strip-tease. Légèrement éméché, il s’était laissé convaincre de le suivre et, quelques minutes plus tard, voilà qu’il s’était retrouvé dans une salle où s’effeuillaient d’étranges et ravageuses beautés !
Après son spectacle — durant lequel elle n’avait cessé de le dévisager — l’une d’elles était d’ailleurs venue s’asseoir à sa table avec un naturel et un aplomb stupéfiants. C’est ainsi qu’il avait rencontré Shanna, fasciné par l’équivoque et magique aura de cet être androgyne, même si elle arborait une robe à la coupe aguichante qui lui seyait parfaitement. Ce fut un coup de foudre ! Gilles tomba immédiatement amoureux de la « personne » délurée qu’elle était, sans se soucier le moins du monde de son sexe. En l’occurrence, c’était un homme !
Et, de même qu’elle était indéfinie et indéfinissable dans son « genre » — associant, avec une maladresse touchante, l’âme et les façons d’une fille dans le corps d’un garçon, sans pour autant n’être jamais totalement l’une ou l’autre — elle était imprévisible et fantasque dans ses choix. Un matin, après quelques mois de vie commune, elle disparut sans aucune explication, sans laisser d’adresse, et Gilles n’eut plus de ses nouvelles, même pas dans le cabaret où Shanna avait brusquement cessé de se produire…
Philippe Parrot.
Photo libre de droit trouvée sur Pixabay.com (Auteur : chechuurobles)
Charles Aznavour – Comme ils disent… (1991)
* * * *
Poème 329 : Braises ou cendres
.
Nous voilà — séparés ! — à marcher
Maintenant sur des chemins distincts !
À s’être perdus de vue, mon cœur écorché,
Mon horizon bouché, je maudis le cruel destin.
.
Loin des strass et paillettes, m’as-tu, parfois, pleuré ?
Qui sait ? Mais, comme se dissout un sucre au fond
D’un verre d’eau, mon souvenir, en toi demeuré,
Disparaîtra, perdu dans des abysses profonds.
* * * *
Ton désir de « tous » les aimer, crié sur les toits,
Tous l’entendront, où qu’ils soient en ce monde :
Les filles stupéfaites comme les garçons pantois,
Les mâles gringalets comme les femelles rondes !
.
J’espère pourtant qu’adulé par ces autres amants,
Tantôt au masculin, tantôt au féminin, leur liesse
Comme leurs audaces, te rappelleront vaguement
Nos ébats et mes mains. Errantes avec hardiesse !
.
Émeus-t’en un instant, puis retourne à tes plaisirs !
Pour ma part, je dois l’avouer, tu éclaireras à jamais
La voie de mon être las, trop vieux pour se ressaisir.
Oui ! mon Présent se conjugue au Passé, désormais !
.
Pour l’honorer, à n’être que « Cendres » dans ta mémoire,
Te soucieras-tu de les garder, au chaud, dans ta poitrine ?
Tandis que rougeoiera, « Braises », dans mon âme noire,
Notre amour, brûlant toujours mes lèvres purpurines…
* * * *
Sans moi, poursuis ta quête, explore mille et une vies,
Transporté par d’incongrues et dévorantes envies,
Ton « genre » indéfini, tu le sais, point assouvi !
.
Poème écrit par Philippe Parrot
Entre le 2 et le 3 mai 2018.
Vous aimez ce poème. Partagez l’article ! Vous contribuerez ainsi à la diffusion de mes mots.
Visualisez la vidéo ci-dessus, en plein écran, directement sur YouTube !
Ce texte peut être mis en parallèle avec un autre : Poème 212 : Inoubliable mâle amour
* * * *
* * * *
Pour accéder à la totalité de mes poèmes classés par ordre chronologique et thématique, veuillez cliquer sur l’une des bannières ci-dessous :
* * * *
Notification : Conformément au code de la propriété intellectuelle (loi n°57-298 du 11 mars 1957), il est interdit d’utiliser et/ou de reproduire et/ou de modifier et/ou de traduire et/ou de copier le texte ci-dessus, de façon intégrale ou partielle, sur quelques supports que ce soit : électronique, papier ou autre, sans l’autorisation expresse et préalable de l’auteur. Tout droit réservé.