Comme chaque matin, leur train de banlieue respectif s’engageait, en même temps, de part et d’autre du quai 13. Aussitôt à l’arrêt, les portières à peine ouvertes, voilà que le flux des travailleurs, pressés et stressés, se répandait sur l’asphalte, vague humaine qui déferlait vers les bouches de métro. Quant à eux, seules comptaient leurs retrouvailles…
Loin de suivre la marée d’anonymes, submergés par elle, ils allaient en effet à contre-courant, luttant contre ce flot hostile qui les éloignait. Donnant du coude et de la voix, ils se frayaient laborieusement un chemin pour se retrouver sous un auvent, à l’écart, où ils pouvaient se poser un instant et se regarder, se parler, se toucher, s’embrasser, émerveillés par la puissance de ce lien qui les avait obscurément poussés l’un vers l’autre sans qu’ils puissent l’expliquer.
Puis, quelques minutes plus tard, l’endroit désert, leurs obligations prégnantes, rassasiés de câlins et de promesses, ils se prendraient par la main et, en silence, rejoindraient la Salle des Pas Perdus avant de se quitter jusqu’au soir.
Philippe Parrot
Photo libre de droit trouvée sur Pixabay.com ( auteur : Babienochka )
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Poème 336 : Baisers volés en gare
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En ce matin d’automne frisquet,
Voyez ces deux jeunes amants,
Debout, là-bas, sur un quai,
S’enlacer fiévreusement !
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Tout au plaisir de leurs retrouvailles,
À s’étreindre devant les voyageurs
Qui vont, docilement, au travail,
Ils les rendent tous songeurs.
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Car, combien de jours, de mois encore,
Feindrez-vous ingénument d’ignorer
Que l’existence, à miner les corps,
Assassine leurs élans colorés ?
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Aussi, vos ferroviaires rendez-vous,
Bonheurs fugaces volés en pleine gare,
Profitez-en, fougueusement, jusqu’au bout,
Dans le déni que routines et quotidien séparent.
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Oui ! Avant que ne surviennent
Usure et ennui, jouissez pleinement
De cette passion qui, quoi qu’il advienne,
Restera gravée dans vos vies. Éternellement !
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Poème écrit par Philippe Parrot
Le 21 juin 2018.
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Ce texte peut être mis en parallèle avec trois autres qui abordent, sous des angles différents, le même thème : Poème 46 : Quai de gare ; Poème 173 : Salle des Pas Perdus et Poème 220 : Retrouvailles
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