Le chambellan, un ange déchu condamné à demeurer dans l’antichambre de « l’Éternel Éther » pour en faciliter l’accès, avançait sur le sol inexistant, effleurant avec le bas de son aube une frontière invisible mais néanmoins réel. « Ailleurs », dans quelque « Nue » indicible, il conduisait l’hôte et tous deux avançaient dans un silence troublé seulement par le bruissement de ses ailes, feutré et caressant.
Quand le visiteur se retrouva seul dans « Le Lieu », abandonné par son guide aussitôt le seuil de l’aire franchi, il vit devant lui, trônant sur une lumière aussi bleue qu’un ciel, une énergie protéiforme, sans forme prédéfinie, n’en changer pas moins constamment de nature comme de contour. Était-ce un dieu, une essence, une force, une énergie, ou tout autre chose encore ? Aucune réponse n’était a priori satisfaisante tant cette « chose » pouvait revêtir tous ces aspects à la fois, suivant la manière dont on la nommait en fonction de sa culture, de son savoir, de son époque, de sa société, de sa singularité…
Criante certitude, elle seule œuvrait, depuis la nuit des Temps, au devenir de l’Univers !
-/ Que viens-tu chercher, héraut mandaté par les hommes ? proféra-t-Elle.
-/ Le plus beau des présents ! Que tu nous fasses don du « Souffle » qui redonnerait Sens à nos vies de Mortels…
Philippe Parrot
Photo trouvée sur Pixabay.com ( auteur : Geralt )
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Poème 338 : Souffle, libère nos âmes !
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Ô glaçante Énergie cosmique qui créa le Monde,
Écoute la supplique des hommes qui y dérivent,
Semblables à des méduses dispersées à la ronde
Par des houles puissantes aux crêtes offensives !
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Elle formule le vœu, avec la fougue d’une antienne
Chantée par une vierge, avec l’humilité d’un prêtre
Agenouillé devant l’autel, qu’à leur âme plébéienne
Tu fasses don de ce Souffle qui ranimerait leur être.
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Intrinsèque aux Lois de l’Univers, il leur apporterait
Cette force qui manque à leur cœur veule et meurtri,
À leur esprit stérile et pernicieux. De suite, sonnerait
L’heure de songer à leur quête, d’oublier leur fratrie !
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À se risquer là où nul n’aurait jamais été, à l’instant
De faire halte, dans le silence et la fraîcheur du soir,
Leur raison se griserait, indifférente au fil du Temps,
Des paroles des neuf Muses, rayonnantes de Gloire…
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Ainsi, parviendraient-ils à cette tranquillité, apanage
Des dieux, qui rend la solitude aisément supportable,
Source de célestes joies dès lors qu’enfin devenu Sage,
L’on se rit des regards, porteurs de haines inavouables.
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Ainsi, parviendraient-ils à cette belle candeur, privilège
De l’enfance, qui mène droit au « Pays des Merveilles »
Où nichent les souvenirs — dès lors qu’on s’en allège —
De cette époque où l’on était gamin, à l’aube des éveils.
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Ainsi, parviendraient-ils à cette acceptation posée, atout
Des philosophes, qui rend le Passage toujours plus facile
À franchir dès lors que, le grand-âge apparu sans à-coup,
L’on se doit de dérouler le tapis rouge à la Mort imbécile.
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À réveiller en eux ce qui transcende leur charnelle courte vie ;
À ne plus survivre accablés de souffrances ; à ne plus mériter,
Comme jadis les femmes, d’enfanter avec douleur ; des envies
Libérés, ils seront alors matures pour voir en eux leur vérité…
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Poussés par Lui, ils emprunteront ce chemin qui conduit à Soi.
Délestés de la peur de porter dans ses entrailles sa propre mort,
Soulagés de ne plus devoir se soucier, pour son corps, d’un toit,
Ils vivront épanouis et sereins, dispensés de regrets et remords.
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P 338 – Souffle, libère nos âmes !
Poème écrit par Philippe Parrot
Entre le 3 et le 5 juillet 2018.
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