Giorgio n’avait jamais eu de cesse, tout au long de sa carrière de funambule, de tendre son filin d’acier toujours plus haut : entre des poteaux, entre des maisons, entre des buildings, entre des gratte-ciels, entre des collines, enfin, aujourd’hui, entre les deux sommets les plus élevés du monde…
Bien qu’à cette occasion, il marchât au milieu des nuages, dans la nuit glaciale, progressant à pas lents, le regard tourné vers le ciel où brillait la Reine des Étoiles, il savait cette fois qu’il ne pourrait aller plus haut pour tenter de s’en approcher et de se laisser happer par Elle.
Amer, il devait admettre que c’était là sa dernière tentative…
Elle le comprit et, reconnaissante de la constance de son attachement et des souffrances qu’il avait endurées pour chercher à l’atteindre, elle s’en émut, prête à répondre enfin à cet étrange amour par une invite. Elle concentra son intemporelle lumière en un unique rayon qui se transforma soudainement en une incandescente passerelle entre Elle et l’homme.
Émerveillé, Giorgio jeta sans hésiter son balancier dans le vide et s’engagea sur ce chemin qui le menait droit vers Elle et l’Éternité.
Philippe Parrot
Photo libre de droit trouvée sur Pixabay.com ( auteur : Vct310 )
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Poème 346 : L’étoile et le funambule
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Un funambule, au clair de lune,
Sur son fil, les yeux vers les Cieux,
Rêve d’épouser la Reine des Étoiles…
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Quand, de manière opportune,
Sourire aux lèvres et l’air radieux,
Oser, éperdu, lever ce coin du voile ?
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Bien en main, contre son ventre,
Il tient son balancier, flexible et long,
Qui oscille quelque peu, aux brises de l’été.
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Comment lui faire entendre qu’entre
Ses inconstantes adoratrices, pleines d’aplomb,
Et Elle, nourricière de ses songes, il préfère sa beauté ?
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Même s’il n’est guère facile d’aimer un astre,
À l’inextinguible aura, niché près d’un trou noir !
Son pur esprit a beau s’envoler, dès la nuit, vers l’Éther,
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Et quitter son corps — au risque d’un désastre ! —
Ce ciel qu’il chérit, il ne peut, hélas, l’atteindre chaque soir.
L’attestent ses chaudes larmes, toutes une à une tombées à terre.
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Source de ses rêveries, Elle égale ces icônes
Des retables qui éblouissent nos cœurs fervents
De leurs reflets d’or, couchés à même les panneaux,
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Avant que des termites, pareils à des cyclones,
Ne les réduisent en poussières, mandibules en avant.
D’ici-là, il confie son fol amour à quelques rares moineaux.
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Si tu crois possible, soudain lumière devenue,
De la rejoindre un jour, fondue dans la queue
D’une comète ; si tu crois salutaire à ton âme
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De prier les anges, de garde dans les Nues,
De te mener vers Elle, sans être belliqueux,
Formule ta requête, preuve de ta flamme…
* * * *
À leur blonde longue chevelure, ils t’attacheront
Et déploieront leurs ailes. À franchir maintes
Portes célestes et maints portails stellaires,
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Ta joie, à bientôt te blottir dans son giron,
Sera si vive qu’embrasé par sa brûlante étreinte,
Tu en oublieras à jamais notre monde aux êtres de chair.
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P 346 – L’étoile et le funambule
Poème écrit par Philippe Parrot
Entre le 28 et le 30 août 2018,
Modifié le 18 juillet 2024.
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